Cette sculpture intitulée Portrait-piège a été exposée en 1969 à la Galerie Marc Martin Malburet. Michel Journiac poursuit son travail si caractéristique sur le vêtement, objet qu’il blanchit à la peinture acrylique pour mieux en signifier l’importance dans l’affirmation de nos goûts, de notre classe de notre personnalité, dans la constitution de notre identité. « Il n’y a pas de corps existants de façon absolue. Il est lié à toute une série de contextes, d’objets, de vêtements[1] » explique l’artiste. Maillots de corps, bas et perruque enchainée au valet de nuit dessinent en creux le «portrait » d’un individu pris au « piège » du regard des autres et de la société. Monté sur roulettes, comme un objet que l’on pourrait emporter avec soi (pour enfiler son propre costume ou bien celui d’un autre ?), l’œuvre met mal à l’aise. La perruque posée à même le sol donne un semblant de vie à ce vestiaire inerte… Elle appartenait à Renée Journiac, la mère de l’artiste, dont le portrait est désormais bien connu grâce aux photographies de l’Hommage à Freud (1972) ou de L’Inceste (1975).

[1] « Dix questions sur l’art corporel et sociologique, un débat entre Hervé  Fischer, Michel Journiac, Gina Pane et Jean-Paul Thénot », ATtitudes international, n°6/8, Décember 1973, p. 5.