"Haltz das maul... Wir sagten ja nichts" ( Taisez vous !... nous n'avions rien dit)
Cette encre sur papier est représentative de ce témoignage ou la mémoire jaillit dans une totale spontanéité du geste, les formes se dressant dans un seul et même plan indéfini.
Y est figurée une scène de camp, dont le titre est issu des paroles prononcées lors sa déportation et gravées dans la mémoire de l'artiste. La composition, sans perspective, est constituée d'un seul et unique plan qui accentue la frontalité et la violence de la situation représentée. Des SS en uniforme sont tracés sur la gauche d'une manière sèche et anguleuse qui contraste avec le groupe de Roms nus sur la droite, dessinés avec davantage de douceur et de courbes.
Dans le corpus des rares représentations artistiques des camps, Ceija Stojka offre un exemple tout à fait étonnant de paysages aux traits naïfs, vus à travers le regard de la petite fille qu'elle était alors. Cette oeuvre traduit une réappropriation artistique de l'image des camps dont l'iconographie avait finalement été majoritairement effectuée par les nazis dans leur minutie bureaucratique. Elora Weill-Engerer, Mémoires en jeu, N°11, été 2020