« Je déteste mes peintures.
I hate my paintings… »
On s’attendrait à un développement: Je déteste mes peintures parce que… Je déteste mes peintures donc…
Non. Je déteste mes peintures point. Aucun commentaire.
Alors de quoi s’agit-il? Est-ce une coquetterie, un slogan absurde, une petite formule complaisante? On le croirait.
Non, il s’agit bel et bien une déclaration de guerre qui ne concerne qu’elle (qu’elles?)
Mais contre qui? Contre quoi? Contre la peinture elle-même?
On pense aux folles entreprises de Don Quichotte protégé par son heaume, ridicule plat à barbe, en guerre contre les nuages de poussière. Hélène Delprat sait depuis toujours que la peinture est une guerre perdue d’avance, contre le temps, contre les âmes des morts, et c’est bien cela qui la met en colère. Elle a bien souvent tenté d’échapper à cette passion chronophage.
Dans les années 2000, elle se déclarait Ex-peintre Français, et réalisait de petites gouaches où on lisait: Où est la peinture? ( OELP) It must be this Way, ou Encore râté, Comment ne pas peindre en peignant? Désastre…
Ni les films, ni les scénographies, ni les émissions de radio qu’elle aime tant réaliser ne la satisfont vraiment, car elle voit la peinture partout.Tout est peinture. Tout existe pour sa mise en oeuvre: Les livres, les paysages, les conversations, les images, le cinéma, la marche, les choses les plus insignifiantes.
Tel le scorpion dans la fable racontée par Mr Arkadin, Hélène Delprat, vaincue déclare:
« C’est ma nature. »
Car c’est sa nature de vivre ainsi.
Un livre d’images illustre ce travail.