« Vous êtes aujourd’hui le maître du vertige, d’un de ses vertiges que Rimbaud s’était donné à tâche de fixer, et peut-être du pire. Les photographies jointes à votre envoi ne laissent aucun doute sur votre aspiration en ce sens et il me paraît difficile de porter le trouble plus loin. Elles sont aussi belles que scandaleuses, à l’unisson de tout ce que vous m’avez fait déjà entrevoir de votre œuvre ».
C’est ainsi que le 16 avril 1955, André Breton salue l’envoi que vient de lui adresser Pierre Molinier. Aux côtés des reproductions de tableaux (lesquels seront exposées à la fin de l’année dans sa galerie de l’Étoile Scellée) figurent les toutes premières photos que Molinier vient de réaliser. Ce sont ces photos qu’aujourd’hui nous sommes fiers de pouvoir présenter pour la première fois au public après un long travail de recollement qui aura duré plus de 25 années (certaines de ses images proviennent d’ailleurs directement de la Collection André Breton).
Premiers essais d’auto-érotisme, de travestissement, précurseurs de plus d’un dizaine d’années d’une lame de fond qui accompagne les premiers travaux consacrés aux « Gender Studies », cet ensemble exceptionnel lève un voile sur un pan du travail de Pierre Molinier que peu d’amateurs et chercheurs ont pu voir jusqu’à ce jour.
Mais laissons le mot final à l’artiste lui-même qui, répondant à Breton, décrivait ainsi ses premières photographies :
« Quant aux photos « Filles magiques »–scandaleuses peut-être, moi je dis « équivoques », et si il y a érotisme, il y a surtout méprise, supercherie, secret, enfin magie, car rien n’est plus magique que le maquillage qui pose son masque et ajoute à la structure du visage. Des photos ci-jointes, je crois que les sépias sont les plus magiques, d’ailleurs la fille reste à « prendre », et avec les noirs sur blancs, la fille est prise.
J’ai eu la curiosité (photo automatiquement prise) de me voir faire des outrages, mais tout cela sent le roussi, deux personnages en un seul, jubilation dans le secret. Les ondes sont brouillées, on y pige dalle… »
Christophe Gaillard - Novembre 2022
Premiers essais d’auto-érotisme, de travestissement, précurseurs de plus d’un dizaine d’années d’une lame de fond qui accompagne les premiers travaux consacrés aux « Gender Studies », cet ensemble exceptionnel lève un voile sur un pan du travail de Pierre Molinier que peu d’amateurs et chercheurs ont pu voir jusqu’à ce jour.
Mais laissons le mot final à l’artiste lui-même qui, répondant à Breton, décrivait ainsi ses premières photographies :
« Quant aux photos « Filles magiques »–scandaleuses peut-être, moi je dis « équivoques », et si il y a érotisme, il y a surtout méprise, supercherie, secret, enfin magie, car rien n’est plus magique que le maquillage qui pose son masque et ajoute à la structure du visage. Des photos ci-jointes, je crois que les sépias sont les plus magiques, d’ailleurs la fille reste à « prendre », et avec les noirs sur blancs, la fille est prise.
J’ai eu la curiosité (photo automatiquement prise) de me voir faire des outrages, mais tout cela sent le roussi, deux personnages en un seul, jubilation dans le secret. Les ondes sont brouillées, on y pige dalle… »
Christophe Gaillard - Novembre 2022