« [J’ai découvert Gabritschevsky] en 1959 dans les collections de l’Art Brut. Œuvre magistrale, puisque son auteur a été interné durant trente ans, et cependant celle d’un artiste qui ne doit pas à son aliénation les qualités qu’il révèle. Dans les quatre mille gouaches qu’il a laissées, il rejoint par la variété des thèmes l’œuvre de Klee dont il est en quelque sorte l’homologue pathologique.
Sa représentation oscille entre une réalité minutieusement rendue (fleurs, oiseaux, poissons), des surfaces ornementées que l’on pourrait qualifier d’abstraites, et une troisième direction purement imaginaire (visages hallucinés, foules compactes, paysages et scènes fantastiques). Ce répertoire divers plonge le spectateur au centre de délires dont la transcription et l’échange sont la difficulté et le sel de la peinture. Malgré la rapidité de l’exécution et la pauvreté des moyens, la poésie est partout grâce à la pluralité des intentions qui renouvellent indéfiniment les thèmes. »
Daniel Cordier « 8 ans d’agitation », 1964