Leo ORTA: Êtres Vivants

11 Mars - 29 Avril 2023 Paris / Front space
La galerie Christophe Gaillard est heureuse de présenter la première exposition personnelle « Êtres Vivants » du jeune artiste Leo Orta.

Leo Orta vient d’une recherche de la forme liée au design et à l’utilitaire. Son duo OrtaMiklos fondé en 2015 explorait le mobilier à la manière d’un ‘art fonctionnel’. Déjà présentes, les questions de recyclage et de réutilisation venaient déjouer la recherche de l’usage pur au profit de la transformation et de l’imagination. C’est ce récit que veut tisser Leo Orta dans sa pratique personnelle. Sortir de l’utile et de la fonction ou en tous cas interroger les limites de l’utile et de la fonction sont les enjeux principaux de son travail autant dans la forme des sculptures que dans les matières qui les composent.

‘Etres vivants’ aborde la notion de vivant au pluriel, réhabilitant une conception positive de l’idée de contamination entre les matières, entre les espèces, entre les formes, la nature organique et la géométrie industrielle. L’exposition interroge la place de ces ‘êtres’ et comment ils coexistent dans une société obsédée par la rationalisation et le profit. Dans ces jeux de tension, Leo Orta développe un imaginaire abstrait pour parler de nos habitudes de production et de leurs conséquences sur la vie biologique et ses puissances spirituelles.

Ses œuvres murales et ses sculptures dans l’espace sont des assemblages qui se présentent comme des rebus de formes et de matières, mimant la mécanique du discours, comme la mécanique de la chaîne industrielle, comme celle du cycle du vivant. L’acier, malléable mais résistant, côtoie ainsi l’élastomère, toxique malgré son aspect organique, la fibre de verre ultra-durable et la pulpe, procédé basique de recyclage du carton. Chez l’artiste, le choix et l’utilisation de ces matières mettent en abyme les processus de production- mêmes. Ce sont des récits de nos rapports à la consommation, au recyclage, au polluant et au toxique. Et c’est aussi l’histoire d’un positionnement, puisque rien n’est produit ici, tout est récupéré. Enfin, ces associations de matières révèlent des associations de techniques, soudure, moulage, dessin, impression, peinture, créant des monstres éclairés qui incarnent les limites d’une tentative d’individualisation massive. Ils soulignent au contraire la force et la nécessité de la cohabitation et de la transmission. Rationnaliser n’est pas nourrir. Le désir de manger en tant que personne n’est pas le désir de vivre en tant que groupe.

Rien de ce que nous fabriquons ne survit dans sa fonction utilitaire. Tout devient obsolète mais ne disparait jamais ou se recycle mal et reste toujours à l’état de déchet, que ce soit de la taille d’un immeuble fantôme ou de celle de microparticules. Pourtant, ce qui l’emporte sur ce pérenne qui pollue, c’est la force transformatrice des émotions et des énergies psychiques qui nous permettront toujours d’entendre et de comprendre une vache qui pleure avant la mort. 
 
Elisa Rigoulet, février 2023.
 
 
 
D'origine Anglo-Argentine Leo Orta (né en 1993, Paris) vit et travaille en France entre Paris et Les Moulins (Boissy-Le-Châtel). Il est diplômé en 2019 de la prestigieuse Académie de Design d'Eindhoven (NL). 

Développant un fort intérêt pour le commissariat d'exposition Orta cofonde un programme d’exposition et de résidence nommé LA TOTALE Collective. Il est également le cofondateur du collectif de design Morph et du duo OrtaMiklos. 

Son travail a été montré dans de nombreuses institutions en France et à l’étranger, notamment au FRAC Île de France - Le Plateau à Paris (FR) 2019 ; au K11 à Guangzhou (CN), 2019 ; au Musée Van Abbe à Eindhoven (NL), 2020 ou encore à l’occasion de l’exposition Colors Etc.. - Lille 3000 à Lille (FR), 2021 et au Stedelijk Museum à Amsterdam (NL), 2022.

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Elisa Rigoulet est curatrice et critique d'art, elle collabore régulièrement à des revues et blogs français et étrangers comme 02, L'Art même etc. Elle est la co fondatrice et co directrice de la galerie d'art contemporain EXO EXO.