La galerie Christophe Gaillard est heureuse de présenter la troisième exposition personnelle de Marina Gadonneix à la galerie, « recording in progress » du 13 mai au 17 juin 2023, en écho à sa rétrospective actuelle au Centre Pompidou.
Florian Ebner, conservateur, chef de service du Cabinet de la photographie au Centre Pompidou et commissaire avec Matthias Pfaller de cette exposition Lynne Cohen / Marina Gadonneix: laboratoires / observatoires analyse ainsi le travail de Marina : Marina Gadonneix se sert de sa chambre photographique pour en représenter une autre, de telle sorte qu’une petite architecture en analyse une plus grande, la recadre et la recompose, la dissèque et la refabrique, la révèle et la métamorphose. La façon dont Marina Gadonneix s’est appropriée différents intérieurs emblématiques de notre société du spectacle et des sciences a considérablement changé ces vingt dernières années, mais une même logique demeure à l'œuvre /.../
L’art de déconstruire, tel que le pratique Marina Gadonneix, commence par le recadrage ou décadrage de ces dispositifs. Ce qui est hors champ dans les émissions devient constitutif de ses images. C’est ainsi que - dans la série " remote control"- les mires sur les grands écrans avec leurs gammes chromatiques nous rappellent le moment de pause pendant lequel la transmission des flux d’information est suspendue, état d’exception où tout le système médiatique semble s'auto-calibrer. Ce sont précisément ces moments-là que l’artiste cherche, des instants in-between, des configurations où le dispositif est à son degré-zéro de représentation. Le projet des « Landscapes » prolonge cette méditation sur le degré zéro, les immenses espaces monochromes bleus et verts des studios d’incrustations numériques se substituant à la gamme chromatique des mires /.../
Dans la série « Après l’image / After the Image », Marina Gadonneix mène une recherche sur les studios de reproduction photographique d'œuvres d’art. Elle y capte l’instant d’après – quand l'œuvre d’art a été retirée de son chevalet de reproduction – et photographie ainsi les compositions des différents fonds ainsi que les astuces techniques (flashs, projecteurs, cartons réfléchissants et surfaces absorbantes). Toute image est orchestrée entre le blanc et le noir, autour d’une scène vide que l’absence de l’oeuvre a laissée, et devient la mise en abyme du dispositif de reproduction même.
Le dernier grand projet de Marina Gadonneix, "Phénomènes", nous mène dans l’univers des laboratoires en France et aux États-Unis – sites du CNRS, observatoires astronomiques, chambres anéchoïques et haut-lieux de la recherche scientifique – destinés à simuler toute forme de phénomène naturel ayant un impact (souvent dramatique) sur la vie des humains : tornades, ouragans, tremblements de terre, éruptions volcaniques, météorites /.../
Au travers de ses différents projets, elle a développé une approche qui ne se caractérise pas seulement par son élégance, son dépouillement formel et sa touche d’ironie fine – qu’elle partage avec Lynne Cohen – mais aussi par sa capacité de s’émerveiller de notre monde.
Eléments extraits du texte "Une théorie relative du temps photographique selon Marina Gadonneix", Florian Ebner, texte rédigé pour la monographie Marina Gadonneix, laboratoires/observatoires, Editions EXB et Centre Pompidou, 2023