Bernard RÉQUICHOT: Les Réquichot de Cordier

7 Octobre - 11 Novembre 2023 Paris / Front space
Bernard Réquichot
Les Réquichot de Cordier
 
Dans le cadre du cycle consacré à la collection Daniel Cordier, la galerie Christophe Gaillard a le plaisir de présenter sa première exposition dédiée à Bernard Réquichot (1929-1961).
 
La galerie a choisi de montrer une trentaine d’œuvres de l’artiste, en particulier ses lettres illisibles, derniers témoignages des recherches qu’il menait au moment de son décès tragique, survenu quarante-huit heures avant le vernissage de sa deuxième exposition personnelle à la Galerie Daniel Cordier.
 
Dès 1941, il commence à peindre des sujets religieux lors de sa scolarité dans diverses écoles catholiques près de Paris. Entre 1947 et 1951, il fréquente plusieurs écoles et ateliers d'art à Paris, notamment l'Académie Charpentier, les Beaux-Arts et la Grande Chaumière. En 1951, il y fait la connaissance de Daniel Cordier. Au cours de cette période, Réquichot développe son style, il peint des séries de « grosses bonnes femmes », réalise des dessins au crayon gras et au fusain et commence à écrire son « Journal ».
 
En mars 1955 se tient sa première exposition personnelle à la Galerie Lucien Durand à Paris qui présente des peintures à l'huile sur divers supports, pour lesquelles Réquichot a recours à différentes techniques : le raclage de coulées de peinture épaisse, les collages de fragments de toiles et la projection de peinture. Sa première exposition à la Galerie Daniel Cordier en mars 1957 présente ses dessins de spirales à l'encre, des collages de fragments de papiers – ses Papiers choisis – , des fragments d'illustrations découpés dans des magazines de recettes de cuisine ou dans La vie des bêtes. Cette période marque une évolution significative de son œuvre.
 
L’œuvre de Bernard Réquichot est passée avec fulgurance par différentes étapes, du dessin religieux aux séries de grandes Spirales ou Papiers Choisis, jusqu’à ses fameux Reliquaires, de grandes boîtes en bois contenant divers matériaux (ossements, peintures, couteaux, morceaux de bois, etc.). Réquichot aime utiliser les objets qui l’environnent, dans son atelier ou bien dans les magasins alentour, par exemple des couteaux, des pinceaux et même des anneaux de rideau en polystyrène trouvés au Printemps et au BHV avec ses amis Yolande Fièvre ou Dado, deux artistes également soutenus par Daniel Cordier.
 
En 1972, le critique Alain Jouffroy, qui publie cette année-là les Écrits de l’artiste, dédie une « Lettre noire » à son œuvre et évoque sa marginalisation du monde de l’art : « Il criait, il se plaignait, il hurlait, il se dénouait, il s'arrachait, il se lançait, il se rejetait, il se broyait, il s'étalait, il se perdait, il se coinçait, enfin il s'exposait lui-même, ouvert et déchiré, à la toile vierge. La peinture était pour Réquichot une gesticulation consciente des nerfs et de la pensée, une ouverture sur le vif : son expérience intérieure n'est pas sans faire songer à Artaud, à Bataille, à toutes les consciences orageuses qui refusèrent d'embrigader l'esprit dans la ratiocination et la joliesse [1]».
 
L’œuvre de Bernard Réquichot est conservée dans les collections du MNAM-Centre Georges Pompidou, du Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, de la Fondation Antoine de Galbert à Paris, du Musée d’Art Moderne et Contemporain de l’Abbaye Sainte-Croix aux Sables d’Olonne et du Musée d’Art Moderne et Contemporain de Saint-Étienne Métropole. Ces dernières années, il a également fait l’objet d’expositions personnelles à la Galerie Alain Margaron et à la Galerie Baudoin Lebon à Paris.
 
 

 
[1] Alain Jouffroy, Lettre noire, 1972 publiée dans Bernard Réquichot, Les Écrits de Bernard Réquichot, Bruxelles, Éditions La Connaissance, 1973