Trucs Machins et Bidules (Nooks & Crannies)
Organisée avec Olivier Renaud-Clément
14 mars – 28 avril 2024
La Galerie Christophe Gaillard Bruxelles est fière de présenter Trucs Machins et Bidules (Nooks & Crannies), une exposition qui s’articule autour de la notion d’assemblage et de recyclage, et des prises de position socio-politiques qui incitent à ces procédés créatifs. Organisée en collaboration avec Olivier Renaud-Clément, cette exposition de groupe réunit des œuvres de Ser Serpas, François-Marie Banier, Nancy Brooks Brody, Jesse Darling, Rafik Greiss, Marc Leschelier, Jean-Luc Moulène, Anita Molinero et Daniel Pommereulle.
En 1961, William Seitz, alors curateur au MoMa, a défini très précisément “l’art de l’assemblage”, qui, d’après ses écrits, aurait pu être appelé “l’art, le non-art et l’anti-art de l’assemblage” s’il n’y avait pas eu de contrain- tes typographiques. Selon une partie de sa définition, l’assemblage touche au “besoin de certains artistes de défier et d’effacer les catégories acceptées, de fabriquer des objets agressifs, de présenter des sujets tabous par rapport aux normes acceptées, de saper les efforts d’un état permanent en utilisant des matériaux souillés, sans valeur et fragiles, et même de présenter des objets ordinaires sans les altérer”. Bien que la proposition majeure de Trucs Machins et Bidules (Nooks & Crannies) fasse écho à ce sentiment, la proposition d’Olivier Renaud-Clément repose sur l’intuition plutôt que sur la théorie, sur la connexion avec les œuvres présentées plutôt que sur la conformité à des catégories rigides. La sélection variée d’artistes - à différents stades de leur carrière artistique et abordant cette thématique avec différents apports - témoigne de cette sensibilité.
L’idée de Trucs Machins et Bidules (Nooks & Crannies) est née avant tout du souhait d’Olivier Renaud-Clément de présenter le travail de Ser Serpas (°1995). Ayant grandi à Los Angeles mais travaillant aujourd’hui principalement entre Paris et New York, Serpas est reconnu pour son habileté à créer des assem- blages d’objets disparates trouvés dans la rue et qui, après ses expositions, retournent souvent là où l’artiste les a trouvés, ce qui modifie ainsi la tradition du ready-made. En arrivant à Bruxelles pour visiter la galerie, elle a rapidement compris que trouver des déchets dans la ville ne poserait pas de difficultés. (Dans son livre Pauvre Belgique, Charles Baudelaire ne nous avait-il pas mis en garde contre l’odeur de savon noir et la désor- ganisation de la ville ? Il y a une certaine ironie poétique à regrouper cette sélection d’artistes internationaux, dont beaucoup réutilisent des matériaux considérés comme des déchets, dans le paysage olfactif urbain qu’est Bruxelles).
Ser Serpas a rencontré Rafik Greiss (°1997) à l’université et les deux ont depuis collaboré sur des projets tels que By The Highway. Artiste égyptien d’origine irlandaise vivant à Paris, Greiss réfléchit souvent à la condition urbaine et à la vie dans les métropoles. Dans son exploration tactile d’objets ordinaires par le biais d’installations sculpturales et de photographies, Greiss ne se concentre pas tant sur les qualités indivi- duelles que sur les interactions entre ces différents éléments.
En embrassant la partie “non-art” de sa pratique artistique, et potentiellement ce à quoi Seitz faisait référence dans son livre, Anita Molinero (°1953) défie toute catégorisation facile et souligne que sa seule garantie est en fait des objets ressemblant exactement à ce qu’ils sont censés être. En utilisant des matériaux de rebut tels que des poubelles ou des pièces de voiture, elle explore les complexités de l’industrialisation et la dichotomie entre le progrès et ses conséquences, et où ses “formes-fictions” servent de témoins de l’agitation actuelle.
L’artiste britannique pluridisciplinaire Jesse Darling (°1981), qui a remporté le prix Turner 2023, explore les complexités du corps humain dans la société contemporaine, en abordant ses dimensions politiques et culturelles. Sa pratique artistique fait également appel à des matériaux non conventionnels, qu’il s’agisse de biens de consommation, de matériaux de construction, de produits dérivés liturgiques ou de symboles mythiques, que l’artiste recontextualise en brisant les hiérarchies dominantes et en révélant leur précarité. Darling réussit à établir un lien entre l’existence individuelle et l’humanité collective et s’inspire de ses propres expériences ainsi que de celles de la (contre)-histoire.
En collaboration avec la fondation de Nancy Brooks Body (°1962 - 2023), l’exposition inclut des œuvres de l’artiste peintre, sculptrice, activiste et membre fondatrice du collectif lesbien révolutionnaire Fierce pussy. Née à New York, l’artiste a ingénieusement transformé l’activisme en une forme d’art accessible en utilisant des matériaux peu coûteux, facilement disponibles et aux formats reproductibles.
Architecte de formation, Marc Leschelier (°1984) s’est rapidement rendu compte que les limites de cette discipline - au sens traditionnel du terme - étaient trop rigides et restrictives. Il travaille à l’intersection de la sculpture et de l’architecture, créant des installations qui sont guidées par l’instinct plutôt que par des approches rationnelles.
L’artiste français Daniel Pommereulle (°1937 - 2003) a touché à de nombreux domaines artistiques tout au long de sa vie. Sculpteur, cinéaste, performeur et poète, Pommereulle est lié à des acteurs majeurs de la scène artistique et intellectuelle européenne de son époque tout en traçant sa propre voie. Multipliant les formes, il invente une esthétique de la violence et de la cruauté, marquée tant par son expérience traumatisante de la guerre d’Algérie que par l’influence du surréalisme et de la pensée d’Antonin Artaud.
Si la photographie a longtemps été sa marque de fabrique, Jean-Luc Moulène (°1955) s’est davantage concentré sur les dessins et les objets sculpturaux au cours de ces dernières années, soulignant ainsi l’évolu- tion de sa trajectoire artistique. Son œuvre aux multiples facettes se caractérise par la variété des matériaux qu’il utilise ainsi que par son sens aigu de l’observation et de l’analyse du monde qui l’entoure.
François-Marie Banier (°1947), également reconnu comme romancier et dramaturge, s’est surtout fait connaître par ses travaux photographiques à partir des années 1970. Pour cette exposition, l’artiste présentera des œuvres sculpturales plus récentes.
Basé entre Paris et New York, Olivier Renaud-Clément travaille comme producteur d’expositions internationales et conseille depuis de nombreuses années des artistes et des fondations aux États-Unis, en Europe et au Japon.
En réunissant cet éventail d’artistes - qui travaillent dans des traditions similaires tout en les abordant sous des angles différents - Trucs Machins et Bidules (Nooks & Crannies) explore la résonance socio-politique profonde et durable inhérente à l’assemblage. Nous nous réjouissons de vous accueillir à la Galerie Christophe Gaillard Bruxelles.