La Galerie Christophe Gaillard a le plaisir d’annoncer l’ouverture, en septembre 2025, d’une exposition consacrée aux artistes qui ont été lauréats de La Résidence I Le Tremblay depuis 2022. La Résidence | Le Tremblay a pour finalité de promouvoir la création en soutenant une ou un artiste émergent, d’origine française ou étrangère, en lui offrant un espace de réflexion, et en lui allouant une bourse.
 
STÉPHANIE CHERPIN
MARTIN DEPALLE
AMANDINE GURUCEAGA
JEAN-BAPTISTE JANISSET
LÉA JULLIEN
 
STÉPHANIE CHERPIN
Née à Paris en 1979, Stéphanie Cherpin vit et travaille entre Paris, Nice et Marseille. Elle pratique la sculpture depuis le milieu des années 2000. En résidence au Tremblay, elle a travaillé à partir de multiples reliquats — fragments de sculptures, images, dessins, textes, matériaux trouvés sur place. Ces archives sauvages constituent pour l’artiste une matière vivante, un compost fertile, l’ADN de son travail d’assemblage. Leur usage est presque inépuisable : elles peuvent se bouturer, se dupliquer, s’augmenter ou disparaître à l’infini. Elles doivent sans cesse être remises en jeu, updatées, selon les situations. Accueillir le contexte, c’est offrir un cadre et une durée, et contraindre cette archive monstrueuse à s’incarner.
Comme dans un enregistrement live, la sculpture capte tout, « non pour le cerveau seulement, mais pour l’âme, les mains, le cœur, les couilles. Un véhicule ou un vaisseau dans lequel (…) déverser la moindre joie ou découverte, le moindre frisson de froid ou d’émotion, le moindre chagrin, la moindre idée lorsqu’elle pointe en moi, le moindre doute, rêve, baiser ou orage, la moindre question, vision, danse ou chanson, les moindres rencontres magiques, le moindre rire ou éternuement » (Stéphanie Cherpin reprend ici des mots de George Herms).
Ses gestes s’étendent sur une large gamme qui accueille, interprète, traduit ou détourne ceux des autres, pour les mêler aux siens : sa sculpture affectionne les featuring. Au Tremblay, elle a aussi enregistré les fantômes, les guerres et les tempêtes, avant de se mettre sur pause, le temps d’une exposition.

MARTIN DEPALLE
La pratique de Martin Depalle s’exprime à travers une diversité de médiums — photographie, sculpture, peinture, dessin, couture — envisagés comme autant de moyens d’arracher des formes et leurs affects au quotidien, afin d’en révéler la fragilité. Il travaille par accident et par surprise, à partir de vêtements, d’objets trouvés ou de matériaux de seconde main. Ses installations se déploient comme des assemblages qui n’existent que dans le présent du regard.
En associant matériaux et médiums hétérogènes, il s’oppose à l’idée selon laquelle chaque forme devrait être achevée pour trouver sa place dans le monde. Ses œuvres ouvrent au contraire des espaces qui interrogent nos manques, nos vides, ces zones fragiles dans lesquelles nous nous projetons et que nous cherchons à combler.
À l’issue de sa résidence, Martin Depalle a créé une œuvre originale pour l’une des chambres du château, à partir de l’empreinte d’un arbre du parc. Intitulée Retreating Light, elle associe coton, latex, métal, peinture à l’huile, colle, écorce, feuilles et LED. Les œuvres présentées dans l’exposition prolongent ses recherches plastiques entamées au Tremblay.
 
AMANDINE GURUCEAGA
Née en 1989, basée à Marseille, Amandine Guruceaga est une alchimiste de la matière. Son travail se distingue par sa capacité à transformer des matériaux ordinaires en témoignages poignants de la fragilité du monde et de la résonance de l’histoire inscrite dans la matière.
Au cœur de sa démarche, la question de l’impact de l’homme sur son environnement se traduit par une exploration de la résilience du vivant, et de sa faculté à se réparer malgré des agressions constantes. Son art est profondément marqué par son expérience dans l’atelier d’émaillage de ses parents, qui a nourri son goût pour l’expérimentation. Elle explore ainsi des techniques variées — teinture, décoloration, brasure, etc. — pour métamorphoser les matériaux et susciter des réactions imprévisibles.
Pendant sa résidence, elle a développé une série de sculptures à partir de tissus teints, qu’elle assemble autour d’armatures rigides pour créer des formes organiques, proches du végétal. Ces œuvres jouent avec notre perception des matières et de leurs qualités : les volumes qui paraissent souples et tendres se révèlent en réalité rigides, fruits d’un travail de contrainte du médium.

JEAN-BAPTISTE JANISSET
Né en 1990, Jean-Baptiste Janisset vit et travaille à Marseille. Son travail interroge la mémoire collective, en particulier les héritages coloniaux et religieux.
De la France à l’Afrique (Sénégal, Algérie, Bénin, Gabon…), il parcourt villes et territoires à la recherche de « témoins » : emblèmes, sculptures, armoiries, motifs inscrits dans l’espace public. Sur place, il réalise des empreintes qui deviennent sculptures-archives : des stigmates ou compositions syncrétiques, fruits de performances où se croisent mémoire, geste et rencontre. Le plomb, le plâtre, le cuivre ou le zinc — parfois associés à des LED — confèrent à ses œuvres une aura sacrée, convoquant à la fois l’animisme et l’esthétique de la relique. Sa pratique explore les tensions entre résilience et fragilité, sacré et banal, histoire et croyance, pour insuffler à la sculpture une énergie vitale. Lors de sa résidence, il a conçu une série de sculptures d’épées à partir d’empreintes réalisées autour du château du Tremblay :
· Épée du petit diable : Cathédrale Notre-Dame de Sées, Cathédrale Notre-Dame d’Évreux, Cimetière de L’Aigle
· Épée des profondeurs des océans : Église Sainte-Foy de Conches-en-Ouche, Église Sainte-Colombe de Sainte-Gauburge-Sainte-Colombe, Cimetière de L’Aigle
· Épée païenne : Cathédrale de Bayeux, Cimetière de L’Aigle
· Épée des Lys : Église Saint-Pierre de Gacé, Cimetière de L’Aigle
· Épée de l’amour : Église Saint-Pierre de Gacé, Cimetière de Verneuil-d’Avre-et-d’Iton, Cimetière de L’Aigle
· Épée des flammes : Cathédrale Notre-Dame de Rouen, Cimetière de L’Aigle
 
LÉA JULLIEN
Née en 1996, Léa Jullien est artiste et compositrice, active entre Paris et Zurich. Sa pratique s’articule autour de la performance et de l’installation, avec l’ambition de créer des espaces à la fois sensoriels et sensibles.
Elle s’intéresse aux enjeux liés à l’urbanisme et à l’espace public, dans leurs dimensions sociales comme techniques. L’enregistrement sonore occupe une place centrale dans sa démarche : il devient un outil de documentation et d’archivage, notamment de lieux ou d’événements culturels, dans un cadre souvent collaboratif. Inspirée par la musique concrète, électronique et par le cinéma, elle nourrit également son travail des écrits de Juliette Volcler, Maryanne Amacher, Brandon LaBelle ou Paul B. Preciado.
Pour cette exposition, Léa Jullien a réalisé Note from stay, une installation sonore composée à partir de sons enregistrés dans l’espace de la galerie.
Sa résidence au Tremblay aura lieu en novembre 2025.