Les notions d’indétermination et d’interprétation. Voilà sans aucun doute deux clefs qui à la fois décrivent les principes compositionnels de John Cage, mais qui peuvent tout aussi bien s’appliquer à la série éponyme de l’artiste américaine Hannah Whitaker et au photographe français Pierre Molinier.
Chez ces deux derniers, Pierre Molinier et Hannah Whitaker, c’est bien l’imaginaire qui gouverne leur travail et, comme chez John Cage, une même tentative d’organiser un matériau sérié (les corps démembrés chez Molinier et les «patterns» lumineux chez Whitaker). Dans une interview en 1965, Cage déclarait: «En cherchant comment remettre en jeu les éléments rejetés, j’ai toujours été du côté des choses qu’on ne doit pas faire.» Cette citation ne résume-t-elle pas à elle seule la démarche du photographe-démembreur-colleur-inventeur ?
Parallèlement Whitaker emprunte le principe structurel de la composition de John Cage « imaginary landscape n°1 » pour la décliner à l’organisation de ses photographies. Le corps chez l’un et le paysage chez l’autre deviennent alors objet de fantasme, champ de l’imaginaire, «cosa mentale».