Alors que La maison rouge a fermé ses portes à la fin de l’année 2018, le musée de Grenoble propose une exposition de la collection personnelle de son fondateur Antoine de Galbert du 27 avril au 28 juillet 2019.
C’est à Grenoble dont il est originaire que naît sa passion pour l’art alors qu’il devient galeriste, activité qu’il abandonne rapidement pour se consacrer à la constitution de sa collection. Réunie au cours de ses 30 dernières années, cette dernière apparait aujourd’hui comme l’une des plus singulières collections privées françaises. Elle est un autoportrait en creux de son auteur, pour qui le domaine de l’art est avant toute chose celui de la liberté inégalée. Si les expositions réalisées à Grenoble – Les Coiffes au musée dauphinois, à Lyon – Ainsi- soit-il et à Paris – Le mur avaient permis de découvrir une partie de cette dernière, Souvenirs de voyage, par l’ampleur de son parcours, révèlera qu’une collection plus qu’une activité ou un ensemble d’artistes choisis est avant tout le reflet d’une personnalité, un regard sur le monde, une philosophie, une sensibilité mais aussi une quête existentielle. De façon ironique, Antoine de Galbert aime à dire que sa « collection est une tabagie ». Souvenirs de voyage met dans tous les cas en lumière l’originalité de cette dernière qui à l’image de son auteur préférant aux personnalités artistiques les plus connues du monde de l’art l’exploration de territoires inconnus.
Véritable voyage intérieur, Souvenirs de voyage retrace en 17 salles les affinités électives du collectionneur, sa passion pour l’art contemporain, son goût pour les marges, l’art brut et l’ethnographie. Peintures, dessins, photographies, installations, art primitif, objets religieux et populaires se déploieront en une scénographie de l’intime, où de grandes figures de l’art moderne comme Schwitters, Ben, Boltanski, Laib, Fontana voisineront avec les plus jeunes générations (Cathryn Boch, Mathieu Briand , Steven Cohen , Duprat, Gronon, John Isaacs, Edward Lipski, Mari Katayama, Stéphane Thidet etc) tout en côtoyant des artistes hors champ (A.C.M., Aloïse, Lesage, Van Genk).
De l’activité du collectionneur à l’imaginaire des villes, des scènes artistiques anglo-saxonne ou belge à l’Afrique, de la folie au « corps en morceaux », du zen à l’écologie, en passant par une rêverie sur le cosmos et le Dernier voyage, la collection d’Antoine de Galbert, « douce et luxueuse thérapie », comme il le dit lui-même, met en lumière son goût du décloisonnement tout en reflétant ses obsessions les plus profondes. A rebours d’une vision parfois austère et aseptisée de l’art contemporain, cette collection n’hésite pas à faire dialoguer l’art conceptuel et les cultures populaires, les tenants de l’art brut et les artistes émergents. Cherchant à dépasser les théories qui enferment et l’ennui d’une histoire de l’art toute tracée, abolissant les frontières et privilégiant le mélange des genres, Antoine de Galbert aime à se frayer un chemin hors des sentiers balisés considérant, que l’époque dans laquelle nous vivons a plus que jamais besoin de magie, de mystère, de simplicité et d’universalité.