OFF(icielle) - Les Docks / Cité de la Mode - Stand A32
BLING BANG
Les silènes grimaçants, comiques et histrions qui dissimulent, bien caché et gardé, le trésor de la bonté et de la vérité. (Giordano Bruno, Spaccio)
A l'heure du jpeg, sorte d'extension à «la preuve que je l'ai vu», les artistes ici présentés font du trésor caché ou du mystère entourant sa disparition le sujet central de chacune des pièces réunies autour du thème Bling Bang.
Cette disparition commande un régime particulier dans la réalisation de chacune des oeuvres proposées, celui d'une archéologie du disparu .
Ainsi sous la surveillance amusée d'un Silène (L'homme-singe en fausse fourrure a disparu, 2014), Hélène Delprat invoque tout autant la figure mythique du Yeti que celle de Diogène, philosophe libéré de toute honte, de tout jugement de valeur. C'est d'ailleurs cette même comédie que dénonce l'oeuvre de Véronique Boudier (Les joyaux magiques, 2014), laquelle, avec une fragilité exacerbée affirme son désaccord sur la vraie valeur des choses et dénonce ainsi la place accordée aux fausses valeurs dans notre société (cf. L'âne comme les silènes : les apparences sont trompeuses par Nuccio Ordine, Le Mystère de l'âne, Essai sur Giordano Bruno))
Chez Isabelle Le Minh et chez Unglee, c'est l'image photographique qui entretient la mémoire d'un «ça a été» ou d'un «j'ai été». Ainsi dans la vidéo This is the artist, 2005-2008 d'Isabelle Le Minh, la figure de l'artiste, sa pose devant l'appareil, obéissent à des codes de représentation tellement éculés qu'ils deviennent un véritable topos, un cliché (aux deux sens du terme). Ce travail d'archives est investi de la mission de suppléer l'absence ou la disparition à venir. C'est d'ailleurs cette absence qu'essaie de conjurer l'artiste Unglee. Au travers de ses justement nommées Disparitions (1993 - 1998), il donne vie à un autre lui-même. Un lui-même fantasmé, qu'il fait certes mourir à loisir mais qu'il réanime aussi à l'envi, insufflant à cet «Unglee cinéaste tulipomaniaque» une aura toute particulière. Comme un avant goût d'immortalité. Une immortalité que tentent d'approcher à la fois le travail de Kassia Knap au travers son utilisation de l'or, du pli et de la toile (Paysage, 2014) et cette ultime Brûlure du Ciel de Daniel Pommereulle.
Comme un lointain écho à cette demande de transcendance qui parcourt toute l'histoire de l'art. De la peinture byzantine du VI ème siècle jusqu'à l'oeuvre d'Yves Klein. Aller au-delà la surface. Comme un acte de résistance. Tout ce qui brille n'est pas d'or.
«In America it's Bling bling. Down here it's bling bang.» Leonardo Di Caprio dans Blood Diamond.
Christophe Gaillard