"Je choisis l’emplacement de chaque sculpture de façon à constater la présence et la signification historiques d’un lieu particulier que ma sculpture va ensuite détruire. Je l’y place particulièrement pour changer un lieu en un autre lieu qui ne contiendra que le souvenir - le fantôme - du premier tout différent. Je l’y place pour créer un lieu qui était impensable avant que ma sculpture n’y soit. Je l’y place afin de tailler activement le monde reçu ; afin de l’élaguer et de le rabattre, afin d’y ajouter et de le changer - de même que le monde et la nature tout entiers sont constamment taillés, changés et aménagés par la culture."
"J’installe chaque sculpture pour rouvrir puis fermer la partie du monde où elle est mise. Je l’installe pour transformer une histoire réelle nouvelle en existence humaine. J’installe ma sculpture pour donner forme au passé changeant. Pour reconnaître la possibilité même de l’histoire dans un monde qui s’enfuit." 1
Richard Nonas use de la sculpture pour penser l’espace et ce qui façonne la perception physique et mentale que nous en avons. Il veut créer des objets (il récuse le terme d’installation) qui aient le pouvoir de nous interroger et de nous émouvoir pour transformer notre regard sur les lieux qu’ils habitent et dans lesquels nous nous déplaçons. Les éléments qui composent ses dispositifs minimalistes, poutres en bois, blocs de granit ou d’acier agencés selon des motifs simples et répétitifs, marquent le territoire dans lesquels ils s’inscrivent, scandent l’espace, l’interrompent, le renouvellent.
1 Richard Nonas, Get out / Stay away / Come back, Paris, Les presses du réel, Ecrits d’artistes, 1995, pp. 16–17.