Pierre Tal Coat FR, 12 décembre 1905-11 juin 1985

 Pierre Tal Coat, de son vrai nom Pierre Jacob, fils de marin-pêcheur, est né le 12 décembre 1905 à Clohars-Carnoët dans le Finistère.

 

En 1915, à la mort de son père sur le front, il est successivement apprenti forgeron, clerc de notaire puis mouleur et peintre céramiste à la faïencerie Henriot de Quimper. Il dessine déjà au crayon, au fusain ou pastel des personnages et des paysages de la campagne bretonne et fréquente les artistes installés dans la région de Pont- Aven et du Pouldu.

 

Arrivé à Paris en 1924, Tal Coat est modèle à l’Académie de la Grande Chaumière et mouleur à la Manufacture de Sèvres. Vite, il rencontre Auguste Fabre et Henri Bénézit et expose dans leur galerie. La crise économique le contraint à de longs séjours en Bretagne au cours desquels il arpente les sites mégalithiques avec ses amis Emile Compard, Henri Bénézit et le couturier Paul Poiret. À Paris, il se lie d’amitié avec Francis Gruber, André Marchand, Léo et Gertrude Stein, Francis Picabia, Alberto et Diego Giacometti, Ernest Hemingway, Balthus, Antonin Artaud, Tristan Tzara et Paul Émile Victor. Il s’intéresse à l’art roman, aux portraits du Fayoum.

 

En 1936, Tal Coat voyage en Provence et rencontre Picasso. Il peint de nombreux portraits (dont celui d’Alberto Giacometti) et la série des Massacres, inspirée par les horreurs de la Guerre d’Espagne. En 1938, il expose à la Julien Levy Gallery à New York. Il est mobilisé en 1939, puis démobilisé en 1940.Tal Coat gagne alors Aix-en-Provence où se sont réfugiés de nombreux artistes, notamment André Marchand, Charles-Albert Cingria et Blaise Cendrars. Il y rejoint sa compagne, Xavière Angeli qu’il épousera en 1951. En 1941, il participe à l’exposition « Vingt jeunes peintres de tradition française » organisée par Jean Bazaine à la Galerie Braun à Paris. Tal Coat a élu domicile au Château Noir, au pied de la Montagne Sainte-Victoire, l’atelier de Cézanne quand il peignait au Tholonet et où il fera bientôt la connaissance d’André Masson et surtout du philosophe Henri Maldiney et du poète André du Bouchet qui demeureront ses intimes. Sa peinture devient alors non figurative.

 

En 1942 naît sa fille Pierrette. Tal Coat expose à la Galerie de France à partir de 1943. Il participe en 1947 à l’exposition « Painting in France 1939-1946 » au Whitney Museum de New York où Clement Greenberg remarque ses peintures avec celles de Dubuffet, Fautrier et Hartung. En 1950, son exposition personnelle à la Galerie de France déconcerte par une prétendue disparition du motif. Il rejoint alors en 1954 la Galerie Maeght où chacune de ses expositions sera accompagnée d’une parution de la revue-catalogue Derrière Le Miroir. Grand marcheur, Tal Coat randonne en Savoie et dans le Dauphiné. Il voyage en Dordogne, visite Lascaux et les Eyzies, il crée les Passants, Sauts, Course. En 1955, il participe à Documenta I à Cassel. En 1956, seize de ses peintures sont présentées dans le pavillon français à la Biennale de Venise. L’année suivante, il expose à la Kunsthalle de Berne. Tal Coat voyage en Espagne avec son ami Eduardo Chilida et admire Vélasquez et Zurbaran au musée du Prado (1958), puis marche dans les Alpes avec Henri Maldiney, en forêt de Fontainebleau et dans le Vexin avec André du Bouchet. C’est l’époque des Veines de silex, Troupeaux, Vols d’oiseaux…  Il publie chez Maeght le livre de bibliophilie Sur le pas (quinze aquatintes, poèmes d’André du Bouchet) et participe à nouveau à la Documenta II à Cassel en 1959. En 1960, Tal Coat acquiert la Chartreuse de Dormont (Saint- Pierre-de Bailleul), près de Vernon en Normandie, où il installe un immense atelier ; une nouvelle grande mutation de sa peinture commence. Il réalise une mosaïque pour le mur d’entrée de la Fondation Maeght à Saint-Paul de Vence (1963) et peint les séries Signes dans une falaise, Déesses-mères, Ronds de sorcières qu’il expose à la galerie Maeght (1965). Il retourne en Bretagne sur les sites de son enfance et voyage aux Pays-Bas et en Belgique (1966). Les Colzas  deviennent un des thèmes majeurs de sa peinture. Au printemps 1968, il expose dans trois galeries parisiennes : Bénézit, Beno d’Incelli et Schoeller et participe aux Etats-Unis à l’exposition itinérante « Painting in France, 1900 – 1967 » (New-York, Boston, Chicago, San Francisco). Il reçoit le Grand Prix national des Arts.

 

Après la mort de sa femme Xavière en 1970, il séjourne en Corse et reste de longues semaines sans peindre. Il expose à Genève, à la galerie Benador qui présentera régulièrement son oeuvre. Jacques Benador édite le livre d’aquatintes Almanach de Tal-Coat en 1971. A partir de 1969, Françoise Simecek édite les estampes qu’il grave et dessine, ainsi que les livres en collaboration avec André du Bouchet Laisses  (1975) et Sous le linteau en forme de joug  (1978), deux chefs-d’oeuvre du livre illustré. Elle présente régulièrement l’œuvre de Tal Coat à la galerie L’Entracte à Lausanne à partir de 1973. Son oeuvre gravé et lithographié est recensé dans un catalogue raisonné publié par le département du Morbihan, Centre Tal Coat à Kerguéhennec (2017).

 

La rétrospective de son œuvre est organisée en 1974 à Metz puis pour la première fois au Japon en 1975 au Musée royal d’Ueno à Tokyo. Tal Coat assiste à l’ouverture de l’exposition mais souffre d’artérite et une grave opération au pied restreint sa mobilité : privé momentanément de la possibilité de peindre, il ne cesse de dessiner. En 1976, une importante rétrospective conçue par André du Bouchet et Blaise Gautier est donnée au Grand Palais à Paris. En 1979, le château de Ratilly ouvre l’exposition André du Bouchet–Pierre Tal-Coat.

 

À partir de 1981, la Galerie Clivages à Paris, dirigée par Jean-Pascal Léger, présente régulièrement le travail de Pierre Tal Coat (plus d’une dizaines d’expositions personnelles). En 1985, Dore Ashton propose « Tal-Coat, Sustained Visions », une exposition de peintures et lavis, au New Museum of Contemporary Art de New York et André Cariou offre une rétrospective au Musée des Beaux-Arts de Quimper.

 

Pierre Tal Coat meurt le 11 juin 1985 à la Chartreuse de Dormont entouré des siens.

 

En 1994, son œuvre est présentée à la XXIIe Biennale Internationale de Sao Paulo au Brésil. En 2006, un incendie à La Chartreuse détruit un millier de peintures et de dessins. Le Centre Pierre Tal Coat est créé en 2010 au Domaine de Kerguéhennec dans le Morbihan. L’association Les Amis de Pierre Tal Coat soutient en 2016 l’édition du catalogue raisonné de l’œuvre peint établi par Xavier Demolon, le petit-fils de l’artiste. Depuis les expositions se succèdent et se multiplient. Notamment l’importante rétrospective Tal Coat, « La liberté farouche de peindre, 1925-1985 » par Jean-Pascal Léger au Musée Granet d’Aix-en-Provence en 2017 et actuellement l’exposition « Tal Coat 1905-1985 - En devenir »  au Musée de Pont Aven jusqu’au 10 juin 2019. Le 30 juin 2019, inauguration de la collection permanente du Centre Tal Coat au Château du Domaine de Kerguéhennec dans un parcours pédagogique présentant la vie de l’artiste, l’évolution de son œuvre et son contexte artistique et culturel.