Pierre-Yves Bohm développe une pratique d’atelier quotidienne, lente, proche de l’introspection et à l’écart de toute école ou courant artistique. Dans ce combat avec lui-même et avec la matière, il s’agit de réinventer la pratique picturale, de la faire sienne afin d’exprimer ses idées et sensations et de lui conférer ce qu’il appelle “une charge vitale”.

En trouant la toile, en apposant la peinture par l’avant comme par le revers, en lessivant l’œuvre avec de l’essence, en multipliant les strates et les constellations colorées, il s’emploie à un travail minutieux de distorsion, de recouvrement du motif. Dominer, recouvrir, abstraire le motif et ne garder que la densité plastique est au cœur du processus artistique. Il s’agit de mettre à distance, de repousser toute explication littérale, de sortir de toute vérité sociétale ou historique afin de l’universaliser, tendre une énigme pour déjouer une évidence trop engageante, trop rapide et trop simple.

 « Je prends le temps. J'aime l'idée qu'on peut encore passer du temps. Ce n'est pas ringard de ne pas courir.». Pierre-Yves Bohm.