Pour sa sixième exposition personnelle à la Galerie Christophe Gaillard Paris, intitulée Plateau XXI, Julien des Monstiers propose une nouvelle série d’œuvres autour de l’imagerie du jeu de plateau. Il y expose des peintures dont la présence frôle les limites du pictural pour se rapprocher de l’objet.
 
Dans cette série, l’artiste convoque l’univers graphique des plateaux de jeux anciens, avec leurs parcours sinueux, leurs cases numérotées et leurs figures emblématiques. Les toiles se lisent comme des terrains de jeu où se croisent personnages, décors et symboles, organisés selon une logique à la fois ludique et narrative. Mais cet ordre apparent est régulièrement perturbé par des interventions picturales franches — gestes libres, aplats de couleurs éclatantes — qui viennent brouiller la lisibilité du tracé, comme si la partie se rejouait sans cesse.
 
Cette tension entre structure et liberté rejoint la réflexion de Johan Huizinga dans Homo Ludens : le jeu n’est pas seulement divertissement, il constitue l’un des fondements essentiels de la culture. À travers ses règles, ses conventions et ses mises en scène, le jeu touche au rituel, au sacré, devenant un espace à part où le monde se reconfigure. Les peintures de Julien des Monstiers convoquent ainsi cette dimension symbolique : elles transforment le plateau en une aire rituelle, un territoire d’expérimentation où le spectateur est convié à prendre part à une expérience autant visuelle que spirituelle. 
 
Entre hasard et stratégie, progression et accident, l’artiste nous rappelle que jouer — et peindre — sont deux manières d’entrer dans un monde à la fois codifié et ouvert, où chaque geste engage un récit collectif et intime.