Eric Baudart

Exposition collective "Sous le motif - Les structures de l'abstraction 1952-2022" à la Collection d'art Société Générale

Pour sa nouvelle exposition, c’est sur l’abstraction que la Collection se propose de lever le voile. Objectif ? Mener notre regard « sous le motif », comme son titre le suggère, au-delà des apparences, de leurs formes et de leurs récurrences. En retraçant la longue histoire de ce mouvement, en en déployant la richesse et la diversité, « Sous le motif – les structures de l’abstraction. 1952-2022 », sous le commissariat de Matthieu Poirier, explore ses structures, ses logiques, mais aussi ses sources et ses directions en près de 70 œuvres.

 

Au-delà du motif
C’est dès la fin du XIXe siècle que s’ébauchent les enjeux fondamentaux de l’abstraction : la volonté d’aller « sur le motif », de capter le sujet sur le vif et plus seulement sur des croquis retravaillés en atelier. Celle aussi de s’affranchir de la représentation traditionnelle rendue obsolète par la photographie, et peu en mesure de rendre compte d’une réalité dont la conscience ne cesse de s’étoffer à mesure des progrès scientifiques. À partir des années 1910, l’abstraction devient une forme artistique à part entière qui aboutit après-guerre à la mise en place de systèmes géométriques radicaux. Les œuvres exposées dans « Sous le motif » datent de cette période et de celles qui ont suivi : ces tableaux, sculptures, dessins, installations et films réalisés durant les soixante-dix dernières années vont de l’abstraction géométrique à l’abstraction lyrique, du monochrome au cinétisme, ou encore de l’art informel à l’art optique, et sont autant de tentatives de s’affranchir des règles de la représentation pour questionner la forme sensible.

La nébuleuse de l’abstraction
Certaines logiques et sensibilités propres à l’art abstrait sont souvent mal comprises voire mal aimées par un public traditionnellement attaché à la mimesis, l’« effet de réel » de Paul Virilio. Il va donc s’agir ici de mettre à jour les structures de l’abstraction : en se glissant sous l’apparente opacité de ces œuvres, « Sous le motif » expose, sous l’impulsion du commissaire et historien de l’art Matthieu Poirier, les articulations historiques et stylistiques à l’œuvre dans les travaux choisis. Musique, science, mathématiques, géométrie, cosmogonie, philosophie, humour, industrie, ingénierie, chimie, optique, participation, danse, physiologie, phénoménologie de la perception… Les champs mobilisés sont d’une richesse inégalée et forment une nébuleuse où chacun peut réinventer son propre regard.

De la mécanique à l’émotion
De Jean Dewasne à Naama Tsabar en passant par Ann Veronica Janssens, Bernard Frize, Aurelie Nemours, Takis ou encore Giorgio Griffa, cette exposition est avant tout une mise en perspective, un jeu d’échos entre divers langages qui invitent à l’émotion et au dialogue. Questionnement constant de notre rapport au monde, l’abstraction révèle ce qui est habituellement masqué par l’image – structure, squelette, sens – tout au long d’un parcours complexe composé d’œuvres de la Collection et de prêts exceptionnels, de travaux emblématiques et de découvertes surprenantes. Sous le motif, derrière les apparences extrêmement diverses de cette forme d’art, c’est toute sa mécanique qui apparaît. De quoi se laisser, au gré des expériences visuelles et des imaginaires, gagner par l’émotion...

C. Perrin

> À voir : « Sous le motif – les structures de l’abstraction. 1952-2022 » dans les tours Société Générale, 17 cours Valmy, 92800 Puteaux, du lundi au vendredi de 10h à 18h - Réservez votre visite
June 13, 2022