Dans son atelier new yorkais, Marcel Duchamp avait laissé s’accumuler sur son Grand Verre, pendant des mois, un Elevage de poussière photographié en 1920 par Man Ray. Ce paysage noir et blanc aux allures de terrain vague vu du ciel rappelle que la poussière, la crasse et les marges ne cessent de perturber et d’ensauvager la création. Et si l’art n’était qu’une cochonnerie, une tentative de transgression vouée à questionner et enfreindre toutes les règles? Dans l’obscurité des cavernes, dans celle des dépôts de métros ou des rues et impasses de nos villes, dans le noir de la magie des rituels vaudous ou des abysses d’Internet, les artistes sont des virus qui s’engouffrent dans les périphéries de nos mondes pour les hacker, les griffer et les salir, élargissant par le désordre les territoires de la création. En témoigne Pablo Tomek, artiste qui prélève du réel (pollué par l’homme) la matière première et précaire de son travail qu’il exerce toujours dans la contrainte de forces extérieures.
Extrait du communiqué de presse rédigé par Hugo Vitrani