Brian Maguire (1951) est un artiste engagé. Il parcourt le monde aux côtés des hommes et des femmes dépossédé.e.s et marginalisé.e.s, victimes du capitalisme mondial, des guerres et des trafics meurtriers. Sa conscience politique s’origine dans le mouvement pour les droits civiques auquel il a pris part en Irlande du Nord. Peindre est pour lui un acte de solidarité, le fruit d’une pratique qui consiste à « rencontrer, interroger, écouter, comprendre et transmettre l’histoire[1] ».
Figurative, sa peinture porte depuis le début des années 1970 les combats de celles et ceux qu’il est allé rencontrer lors de ses séjours aux Etats-Unis (Arizona), au Mexique (Nature Morte Séries) ou en Syrie (Aleppo Paintings). Egalement à l’initiative de nombreux projets interactifs, sa pratique est indissociable des liens qu’il a tissés au fil des années avec les communautés qu’il soutient.
Ses méthodes d’investigation sont proches du journalisme. Pour la série Arizona, il a par exemple mené des recherches sur les décès annuels des migrants d’Amérique centrale dans les déserts autour de Tucson. Il a peint un ensemble de tableaux à partir de photographies prises par les forces de l’ordre, sélectionnées parmi cinq cent images d’archives auxquelles il avait eu accès grâce à l’aide du médecin en chef du comté de Pima.
Ses Peintures mexicaines révèlent la violence qui s’abat sur la ville mexicaine de Ciudad Juárez. Située à la frontière des États-Unis au sud d’El Paso au Texas, elle a été répertoriée comme la ville la plus meurtrière du monde pendant trois années consécutives entre 2008 et 2010. Brian Maguire a peint ces portraits comme une réponse aux féminicides et à la disparition de centaines de jeunes femmes dans la ville depuis 1993. Ce travail l’a conduit à s’installer à Juárez dans la salle de rédaction du journal El Norte pour enquêter sur l’exhibition publique et souvent rituelle des victimes. Il tente maintenant de montrer combien cette violence est liée au commerce mondial de la drogue.
En 2017 Brian Maguire s’est également rendu en Syrie. Il dénonce la crise des réfugiés et les drames qui endeuillent les côtes européennes chaque année. Ses Peintures d’Alep représentent les ruines des bâtiments éventrés dans la ville et témoignent des désastres de la guerre.
Mais Brian Maguire n’est pas un reporter de guerre : il peint. Ce qui captive notre regard, c’est d’abord la force tranquille de sa peinture.
Le peintre joue avec subtilité du contraste entre la fluidité de la couleur, la séduction de la matière et la brutalité des sujets qu’il met en scène. Du plaisir à l’effroi, de l’exaltation au dégoût, l’émoi du spectateur – donc sa prise de conscience – s’intensifie. Une beauté terrible, une horreur délicieuse qui n’a pourtant rien d’esthétisant ou de sensationnaliste. Il n’y a pas là d’images choc. Diluée dans de très grands formats, la technique de l’acrylique fait apparaître avec lenteur le sujet figuré dans le tableau. Nulle fulgurance, aucun scandale. La peinture donne – autre preuve de la générosité de l’artiste – le temps de voir. Elle découvre progressivement l’image, jusque dans toute son atrocité.
Avec les moyens plastiques et sensibles qui leurs sont propres, et grâce à l’autorité du genre pictural, les œuvres de Brian Maguire restaurent la mémoire et la dignité des victimes oubliées de l’histoire officielle. Ses peintures monumentales et ses portraits continuent ainsi la tradition de la peinture d’histoire. Elles dialoguent avec le Tres de mayo de Francisco de Goya, l’Exécution de Maximilien d’Edouard Manet et aujourd’hui avec les toiles de Yan Pei-Ming ou de Marlene Dumas.
Figurative, sa peinture porte depuis le début des années 1970 les combats de celles et ceux qu’il est allé rencontrer lors de ses séjours aux Etats-Unis (Arizona), au Mexique (Nature Morte Séries) ou en Syrie (Aleppo Paintings). Egalement à l’initiative de nombreux projets interactifs, sa pratique est indissociable des liens qu’il a tissés au fil des années avec les communautés qu’il soutient.
Ses méthodes d’investigation sont proches du journalisme. Pour la série Arizona, il a par exemple mené des recherches sur les décès annuels des migrants d’Amérique centrale dans les déserts autour de Tucson. Il a peint un ensemble de tableaux à partir de photographies prises par les forces de l’ordre, sélectionnées parmi cinq cent images d’archives auxquelles il avait eu accès grâce à l’aide du médecin en chef du comté de Pima.
Ses Peintures mexicaines révèlent la violence qui s’abat sur la ville mexicaine de Ciudad Juárez. Située à la frontière des États-Unis au sud d’El Paso au Texas, elle a été répertoriée comme la ville la plus meurtrière du monde pendant trois années consécutives entre 2008 et 2010. Brian Maguire a peint ces portraits comme une réponse aux féminicides et à la disparition de centaines de jeunes femmes dans la ville depuis 1993. Ce travail l’a conduit à s’installer à Juárez dans la salle de rédaction du journal El Norte pour enquêter sur l’exhibition publique et souvent rituelle des victimes. Il tente maintenant de montrer combien cette violence est liée au commerce mondial de la drogue.
En 2017 Brian Maguire s’est également rendu en Syrie. Il dénonce la crise des réfugiés et les drames qui endeuillent les côtes européennes chaque année. Ses Peintures d’Alep représentent les ruines des bâtiments éventrés dans la ville et témoignent des désastres de la guerre.
Mais Brian Maguire n’est pas un reporter de guerre : il peint. Ce qui captive notre regard, c’est d’abord la force tranquille de sa peinture.
Le peintre joue avec subtilité du contraste entre la fluidité de la couleur, la séduction de la matière et la brutalité des sujets qu’il met en scène. Du plaisir à l’effroi, de l’exaltation au dégoût, l’émoi du spectateur – donc sa prise de conscience – s’intensifie. Une beauté terrible, une horreur délicieuse qui n’a pourtant rien d’esthétisant ou de sensationnaliste. Il n’y a pas là d’images choc. Diluée dans de très grands formats, la technique de l’acrylique fait apparaître avec lenteur le sujet figuré dans le tableau. Nulle fulgurance, aucun scandale. La peinture donne – autre preuve de la générosité de l’artiste – le temps de voir. Elle découvre progressivement l’image, jusque dans toute son atrocité.
Avec les moyens plastiques et sensibles qui leurs sont propres, et grâce à l’autorité du genre pictural, les œuvres de Brian Maguire restaurent la mémoire et la dignité des victimes oubliées de l’histoire officielle. Ses peintures monumentales et ses portraits continuent ainsi la tradition de la peinture d’histoire. Elles dialoguent avec le Tres de mayo de Francisco de Goya, l’Exécution de Maximilien d’Edouard Manet et aujourd’hui avec les toiles de Yan Pei-Ming ou de Marlene Dumas.
[1] Communiqué de presse de «J’accuse : Brian Maguire», VOID Gallery, Londonderry, Irlande, du 28 novembre 2015 au 6 février 2016.