Tetsumi KUDO

16 Mai - 29 Juin 2024 Bruxelles / Main space

La Galerie Christophe Gaillard Brussels est heureuse de présenter une exposition consacrée à l’artiste japonais d’avant-garde Tetsumi Kudo (1935-1990). Considéré comme l’une des figures-clés du mouvement anti-art radical de Tokyo et étroitement lié aux Nouveaux Réalistes en Europe, l’œuvre de Tetsumi Kudo reste très influente dans les pratiques artistiques contemporaines.

 

« L’art doit être l’un des médias qui sert à provoquer le doute et le défi en nous : c’est une communication provocatante entre vous et moi, qui vivons dans la fosse septique de la technologie. En ce sens, l’art est une maquette à travers laquelle nous réfléchissons et remettons tout en question. Douter de tout. Quelle est notre place dans l’univers ? Qu’est-ce que la liberté humaine dans l’univers ? Qu’est-ce que la liberté individuelle dans la société ? » (Tetsumi Kudo, Paris, 1971)

Tetsumi Kudo est né à Osaka en 1935. Ses premiers souvenirs sont marqués par les vestiges de la Seconde Guerre mondiale ainsi que par les attaques atomiques sur Hiroshima et Nagasaki. L’ensemble de son œuvre témoigne de ce traumatisme.

 

Outre les peintures et les œuvres tridimensionnelles qu’il crée à partir d’objets trouvés, Tetsumi Kudo organise dès 1957 des performances qu’il qualifie lui-même d’ « Anti-Art » (Han-geijutsu). Philosophie de l’Impuis- sance (1960-1961), sa première série majeure, affirme la singularité de son univers artistique: la provocation, et la mise en question de la place laissée aux libertés humaines dans une société ultra-médiatisée.

 

En 1962, Tetsumi Kudo s’installe à Paris après avoir reçu le Grand prix de la deuxième exposition interna- tionale des jeunes artistes à Tokyo. Son attitude rebelle à l’égard des modes de pensée dominants lui ouvre les portes du monde de l’art parisien. Ses performances, auxquelles assistent des personnalités influentes telles que Marcel Duchamp ou la galeriste Ileana Sonnabend, sont de plus en plus reconnues. En 1964, le conservateur néerlandais Wim Beeren inclut l’artiste dans l’exposition sur les Nouveaux Réalistes au Gemeente Museum de La Haye. Plus qu’une simple reconnaissance en Europe, son arrivée à Paris apporte une dimension nouvelle à son œuvre : au questionnement critique de la société s’ajoute une approche scientifique. Les recherches de Kudo portent alors sur les relations entre les phénomènes naturels et la suprématie humaine qui pourrait s’exercer sur eux. Rejetant fermement les hiérarchies de l’humanisme européen, Kudo dénonce un monde où les valeurs éthiques ont perdu de l’importance face au consumérisme.

 

Prenant souvent la forme de cages, de serres ou de terrariums, les sculptures biomorphiques de Tetsumi Kudo révèlent les menaces imposées par l’énergie nucléaire, par la technologie croissante et par la société de consommation. Kudo fusionne l’organique et l’inanimé pour mieux nous sensibiliser à l’environnement. Dans ses cages, l’artiste présente l’humanité emprisonnée dans sa course au développement. Ce contestataire utilise librement une imagerie abjecte, faite d’excréments ou bien de membres humains, les combinant avec des objets ménagers, des transistors et des circuits électroniques pour critiquer le consumérisme effréné de l’après-guerre.

 

Le point de vue de Tetsumi Kudo sur l’autodestruction de l’humanité et le déclin écologique est surprenant d’humour, l’artiste affirme la capacité de la vie à naître dans l’adversité. Son influence n’est pas seulement visible dans l’œuvre d’artistes renommés tels que Paul McCarthy, Takashi Murakami ou Mike Kelley mais également auprès d’une nouvelle génération d’artistes préoccupés par l’évolution du climat, de la génétique et des technologies telles que l’intelligence artificielle.

 

Tetsumi Kudo a participé à la Biennale de Venise en 1976 et à la Biennale de São Paulo en 1977. Son œuvre a également figuré dans de grandes expo- sitions dédiées à l’avant-garde japonaise à travers le monde, notamment à Paris, au Centre Pompidou en 1986 et à New York, au Guggenheim Museum en 1994 ainsi qu’au Museum of Modern Art en 2012.

 

Le regain d’intérêt pour l’œuvre de Tetsumi Kudo s’est traduit par des expo- sitions institutionnelles majeures en Italie lors de la Biennale de Venise à l’Arsenale (2022), aux Etats-Unis au Museum of Modern Art de New York (2020) et au Walker Art Centre de Minneapolis (2008), au Danemark au Louisiana Museum of Modern Art d’Humlebaek (2020), en Allemagne au Fridericianum de Kassel (2016), au Japon au National Museum of Modern Art de Tokyo (2014), et en France à La Maison Rouge à Paris (2007).

 

Les œuvres de Tetsumi Kudo sont, entre autres, conservées dans les collections du Musée national d’art moderne, Centre Georges Pompidou et de la Bourse de Commerce - Pinault Collection à Paris, du Stedelijk Museum d’Amsterdam, du Museum of Modern Art et du Solomon R. Guggenheim Museum de New York, du National Museum of Arts d’Osaka ou encore du M+ à Hong Kong.