A VENIR / BRIAN MAGUIRE: A History of America

15 Mars - 19 Avril 2025 Paris / Front space

VERNISSAGE LE SAMEDI 15.03.2025, 16H-20H

 

« Les droits humains universels ne signifient rien s'ils ne concernent que ceux que nous admirons et les victimes de forces que nous reconnaissons et comprenons. »

 

Brian Maguire

 

 

La Galerie Christophe Gaillard est heureuse de présenter A History of America, la deuxième exposition personnelle de Brian Maguire à la galerie à Paris. Artiste irlandais engagé et profondément humaniste, Maguire consacre cette exposition à sa dernière série de peintures : une quinzaine de portraits représentant des personnes indigènes disparues et assassinées aux États-Unis. 

 

Fidèle à son engagement de longue date pour les droits humains et la justice sociale, Brian Maguire a initié la série Missing and Murdered Indigenous People (M&MIP) lors d'une résidence au Missoula Art Museum (Montana) en 2021. L’artiste a collaboré avec les familles endeuillées des victimes afin de créer les portraits mémoriels qui capturent l'esprit et la dignité des jeunes disparus. Réalisé à partir de photographies choisies par les familles, chaque portrait est un hommage qui attire notre attention sur la crise silencieuse qui frappe les communautés indigènes aux États-Unis. En dialoguant avec les familles des jeunes défunts, Brian Maguire a découvert que les corps de nombre d’entre eux présentaient des signes de violence, et qu’ils avaient été victimes d’agressions et de meurtres, quand leurs décès avaient été officiellement attribués à des causes anodines comme l'hypothermie. Ces classements expéditifs, avec peu ou même aucune enquête, renforcent la suspicion de négligence, voire de complicité des autorités locales. En 2021, lors de la réalisation du documentaire Say Her Name (dir. Rain, 2021), 86 % des affaires de femmes autochtones disparues et assassinées au Montana restaient non résolues, sans intervention effective du FBI. Ce taux de cas non élucidés est le plus élevé du pays en proportion de la population.

 

Les œuvres de Brian Maguire ne se contentent pas de représenter des individus ; elles racontent des histoires de violence systémique, de négligence institutionnelle et de résilience. Maguire crée deux peintures pour chaque victime : l'une est offerte à la famille comme un souvenir intime tandis que l'autre est destinée aux expositions afin de sensibiliser un public plus large à ces tragédies souvent ignorées. Maguire renverse les dynamiques de pouvoir traditionnelles de l'art commémoratif et donne une voix à celles et ceux qui ont été marginalisés et colonisés.

 

Depuis ses débuts dans les années 1970, Brian Maguire a développé une pratique picturale profondément ancrée dans son engagement social et politique. Les portraits ont toujours occupé une place centrale dans son travail, notamment dans sa série Peintures mexicaines (2012-2015). Brian Maguire a réalisé ces œuvres en réponse aux féminicides et à la disparition de centaines de jeunes femmes à Juárez depuis 1993. Au fil des décennies, son travail s'est étendu à des contextes variés, pénétrant les prisons et les centres psychiatriques ou s’intéressant par exemple aux communautés touchées par des conflits sociaux (Alep, Syrie (2017), Bentiu, Soudan du Sud (2018)). Brian Maguire réinterprète ainsi la célèbre phrase du peintre Paul Klee au prisme de notre époque contemporaine : il nous rappelle que « l’art ne reproduit pas le visible, il rend visible ». La peinture est pour Brian Maguire un outil de témoignage et de solidarité qui « rend visible » celles et ceux qui sont trop souvent les oubliés des récits dominants. Son approche, à la fois empathique et critique, continue d’interroger les structures de pouvoir et les injustices systémiques ; elle célèbre la dignité humaine.