Fabian KNECHT: Mit dem Herz voran

2011-11-24

Pour sa première exposition personnelle à la galerie Christophe Gaillard du 24 novembre 2011 au 7 janvier 2012, Fabian Knecht présentera un ensemble de pièces récentes dont la plupart ont été réalisées spécialement pour l'occasion.
Né en 1980, Fabian Knecht s'est d'abord exprimé en tant que cinéaste, en tournant de nombreux vidéoclips et documentaires sur des concerts et tournées de musiciens. Elève d'Olafur Eliasson à l'Université des Arts de Berlin, puis à l'institut des arts de Californie, il va prochainement collaborer avec Matthew Barney.

La traduction de « Mit dem Herz voran » place le coeur - das Herz -, non pas seulement en avant, mais comme moteur même de l'action. « Voran » en allemand, évoque tant l'idée de progrès que d'amorce et appartient tant au vocabulaire sportif qu'offensif. Comme on dirait la « tête la première », on dira là « le coeur en tête ». L'image est poétique, et à défaut de pouvoir littéralement la traduire, on retiendra cependant l'importance de l'action qui y est placée. La pratique artistique de Knecht se conjugue sous le signe de l'action et du détournement.

Détournement de l'autorité non pas comme simple démonstration d'anarchisme ou de pure provocation - car cela omettrait la part du risque que l'artiste accepte de prendre dans la progression de son oeuvre - mais comme opération de démystification par excellence, acte poétique brut.

Si la pratique de Knecht est le plus souvent immatérielle et les rares traces des oeuvres passées nous parviennent sous forme de photo et de vidéos, ses actions prennent également forme dans une pratique d'atelier quotidienne avec sa série des « acryliques ». Ces images codées, pixélisées sont en réalité des peintures rendues floues par le verre dépoli. Ainsi présentées en toute simplicité, les acryliques sèment un doute dont le bénéfice sera de rappeler la part d'illusion de toute image.
Une brillante opération de démystification, phénomène particulièrement berlinois, donne matière à des oeuvres affranchies et réalistes. Ses oeuvres appellent autant à l'implication du regardeur qu'à la narration. Knecht réussit l'exploit de substituer à tout militantisme un langage créatif, nuancé de poésie, d'étrangeté et d'ironie, sans jamais se répéter. L'oeuvre de Knecht atteint ce rare équilibre entre le réalisme de l'action et poésie brute.

Extrait d'un texte d'Aude Itting.