SÈVRES LE FOYER DE LA CRÉATION
CARTE BLANCHE À HÉLÈNE DELPRAT, ANNETTE MESSAGER
ET ULLA VON BRANDENBUR
ALLUMAGE EXCEPTIONNEL DU FOUR À BOIS MERCREDI 13 OCTOBRE 2021
Dès le XVIIIe siècle, la Manufacture a été un lieu de création et de production qui a su faire appel aux artistes de son temps. De François Boucher à Auguste Rodin, en passant par Jean Arp, Louise Bourgeois, Pierre Soulages ou Giuseppe Penone, toutes et tous ont contribué à l’évolution du style et au foisonnement artistique de Sèvres.
UN ÉVÉNEMENT HORS NORMES TOUS LES 5 ANS
Une cuisson exceptionnelle dans le plus grand four à bois du XIXe siècle de la Manufacture de Sèvres sera lancée le 13 octobre 2021. 33 heures de cuisson à près de 1300 degrés et près d’un mois de refroidissement total avant de découvrir les créations inédites d’Hélène Delprat, Annette Messager et Ulla von Brandenburg à qui la Manufacture donne carte blanche.
La cuisson de grand feu dans le plus grand des six fours à bois du XIXe siècle de la Manufacture de Sèvres, classé monument historique, est un événement exceptionnel, unique au monde. Ce moment collectif, fédérateur, qui fait battre le cœur de Sèvres, réunit les talents des artistes invités, des artisans et passeurs d’histoires de Sèvres, pour créer des œuvres à l’éclat sans pareil. Cet événement spectaculaire exprime l’essence de Sèvres : l’art vivant, un art de vivre et la transmission des savoir-faire.
LES ARTISTES INVITÉS S’EMPARENT DE SÈVRES
Pour cette grande cuisson, des vases du répertoire de formes de Sèvres sont des pages blanches offertes à la créativité d’Hélène Delprat, Annette Messager et Ulla von Brandenburg. Les artistes en apprivoisent les courbes et s’approprient les techniques exigeantes de la peinture à Sèvres pour créer des œuvres uniques. Une fois peints les vases vont connaître l’épreuve du feu pour une cuisson exceptionnelle qui les métamorphosera en œuvres d’art. À cette occasion le public pourra suivre les moments forts en live sur les réseaux sociaux.
La révélation est prévue un mois plus tard à l’ouverture du four. Les œuvres seront ensuite exposées à partir de janvier 2022 à la Galerie de Sèvres à Paris (4 place André Malraux 75001 Paris).
SÈVRES, TRÉSOR VIVANT, TRÉSOR À VIVRE
Depuis 1740, Sèvres - Manufacture et Musée nationaux préserve, enrichit et révèle un patrimoine matériel et immatériel unique au monde. Lieu de vie hors du com- mun, Sèvres célèbre la passion de la matière, le respect des gestes séculaires des artisans céramistes et la beauté des œuvres d’art qui traversent les âges. Maison de création, de transmission et d’inspiration, Sèvres offre des expériences singulières à vivre, à partager et à offrir.
Primordiale pour Sèvres, cette cuisson hors normes est une occasion rare de transmission des connaissances en matière de cuisson dans les fours à bois. Elle permet à ses artisans de conserver un savoir-faire centenaire. En effet, la préservation et l’enrichissement des savoir-faire des artisans de la Manufacture sont au cœur des missions de l’établissement, qui accueille chaque année des apprentis au sein de l’École de Sèvres.
LA CRÉATION ARTISTIQUE CONTEMPORAINE AU CŒUR DE SÈVRES
Les artistes invités à Sèvres ont toute liberté d’explorer formes, matières et couleurs du répertoire de Sèvres. Une recherche et un dynamisme qui placent Sèvres sous le signe du renouvellement permanent. Pour cette cuisson exceptionnelle sur une sélection de formes de vases de Sèvres, les artistes vivent une expérience unique et se plient à un exercice bien particulier : en un temps très court, quelques mois, ils découvrent pour la première fois les techniques exigeantes de Sèvres. Appliquée directement sur le vase en porcelaine encore poreux avec une gestuelle maîtrisée, la peinture pénètre immédiatement la surface. Les artistes n’ont pas droit à l’erreur. Chaque pièce est unique.
Les artistes Nicolas Buffe, Philippe Cognée et Barthélemy Toguo ont été invités à peindre sur des vases du répertoire de Sèvres en 2016.
Une série de documentaires a été réalisée à l’occasion du projet et diffusée sur la chaîne Youtube de l’établissement : www.youtube.com/watch?v=deWKoQL62hw
Une exposition dans le Musée national de céramique a également été organisée pour présenter à tous à la fois les films sur la cuisson et les œuvres résultant du projet.
LA TECHNIQUE DE CUISSON
Les 6 fours à bois de Sèvres s’élevant sur deux étages, construits en 1877, n’avaient plus été utilisés depuis 1968. Depuis sa restauration en 1990, le plus grand des fours, de 9 mètres de haut, a fonctionné en 1999, 2006 et 2016 et au printemps 2021 pour une cuisson à blanc avant l’événement de cet automne.
Les fours actuels étant chauffés au gaz propane, les métiers et matériaux du four à bois avaient disparu. Il a fallu dès lors remettre la technique au point. Il est essentiel d’entretenir la technique traditionnelle de cuisson des fours à bois qui permettent la transmission d’un savoir-faire et, entre autres, la cuisson de pièces de plus d’un mètre de hauteur. Le four se compose d’un laboratoire de cuisson (de 12 m3 de contenance), d’un globe, d’une sole munie de carneaux (conduits), d’une cheminée et de quatre alandiers (foyers). Pour chaque cuisson, 20 stères de bois sont nécessaires. Le bois de bouleau est le com- bustible le mieux adapté, parce qu’il brûle avec une flamme longue et claire et qu’il fait peu de cendres. La cuisson s’opère en deux phases : le petit feu (jusqu’à 700°C/900°C) et le grand feu (jusqu’à 1 280°C/1 380°C). La cuisson est conduite en flamme directe jusqu’à 180°C en- viron. Les moyens de réglage possibles pendant le grand feu consistent simplement en la fermeture ou l’ouverture de la surface de distillation du bois au-dessus de la cuve de l’alandier (foyer), par le mouvement d’une plaque ; ou bien le réglage des quatre registres fermant ou ouvrant les quatre cheminons (conduits).
Devant des regards – trous percés dans la maçonnerie pour voir à l’intérieur du four dans la chambre de cuisson et fermés par des plaques en mica – sont placées des montres fusibles étalonnées, correspondant aux différentes températures et dont la pointe s’affaisse quand la température voulue est atteinte. Ce moyen de contrôle, in- venté à la Manufacture de Sèvres au XIXe siècle, est accompagné de couples thermoé- lectriques en platine, plongés dans le four et reliés à un enregistreur qui transcrit la température sous forme de diagrammes. On arrête la cuisson lorsque les montres sont tombées devant les quatre regards du four et l’enregistreur, en même temps, indique que la température voulue est atteinte.
Le défournement se fait, après refroidissement, au moins deux ou trois semaines plus tard, lorsque la température est naturellement retombée, pour éviter tout choc ther- mique au moment de l’ouverture du four, par démolition des deux murs de briques qui obstruent la porte.
