Tout est à fleur à Melle. Le pouls de la nature, de ses habitants et l’épaisseur de son histoire sont le terreau fertile d’un présent militant, conscient de l’urgente nécessité de réinventer nos fonctionnements.
Alors, quand la mairie m’a proposé d’imaginer la programmation de cette 10e édition de sa biennale, il m’est apparu évident de l’inscrire dans le prolongement de la pensée de Gilles Clément et du jardin de résistance qu’il créa ici en 2007 : Jardin d’eau – Jardin d’orties. L’ortie urticante et thérapeutique est devenue ma conseillère artistique, elle sera notre emblème.
À l’image de l’arboretum de Melle et de ses collections, les œuvres de cinquante artistes composeront une partition éphémère, une vision de l’état du monde à travers le prisme des enjeux écologiques universels, une cristallisation et un manifeste à la fois. De résonnances en aliénations, le parcours de visite invitera à une expérience immersive et sensible, faites d’amorces de narrations et d’images paradoxales de notre ère, afin d’éveiller les consciences et de redonner goût à l’émerveillement.
Car Nous Merveillons s’inspire des bocages pour faire proliférer dans la ville une pensée en buisson, un fourmillement de questionnements et le prélude d’une symbiose avec le vivant.
De sites paysagers en lieux patrimoniaux, le public arpente une géographie, prend la mesure de la topographie, découvre les œuvres nichées dans la trame végétale melloise ainsi que dans ses espaces de vie citoyenne et quotidienne.
Et si l’art participe à renforcer les racines du doute et de la curiosité, alors nous aurons peut-être contribué, ici, tous ensemble, à prendre soin du futur.
Evariste Richer, Artiste-commissaire de la biennale 2024
Eric Baudart, Atmosphères 3, 2011
Aluminium, verre extra blanc, ventilateurs, huile de tournesol
150 x 85 x 35 cm
Eric Baudart porte une attention particulière aux objets et aux détritus
issus de la vie urbaine post-industrielle : des ressorts de matelas, les
pales d’un ventilateur obsolète et fatigué, une accumulation d’affiches de
concert, ou encore, le mécanisme d’un jouet pour enfant. Avec quelques
gestes simples comme l’application d’une couleur, une déformation
ponctuelle, ou tout simplement le déplacement de l’objet de son milieu et
son intégration dans l’espace artistique, le sculpteur révèle le potentiel
esthétique et poétique de ces éléments.