"Tout le bonheur de l'homme est dans son imagination". D.A.F. de Sade

Pierre Bettencourt était un écrivain, un poète, un éditeur, un chasseur de papillons et un voyageur inlassable (en Afrique, en Océanie, en Extrême-Orient, aux Indes, aux États-Unis, au Mexique,…). Né en 1917 à Saint-Maurice-d'Ételan, il a vécu entre la Normandie, Paris et la Bourgogne où il s’installe en 1963 avec sa femme, l’écrivaine Monique Apple, et décède en 2006. Il y conçoit son œuvre littéraire en Normandie (écriture, typographie, impression, édition) et son œuvre plastique en Bourgogne (plusieurs centaines de hauts-reliefs).


"Le spectacle des nébuleuses est-il plus étonnant que celui des pissenlits qui se ferment quand un nuage passe et s'ouvrent quand la lumière les frappe de nouveau ?" (Pierre Bettencourt à Raphaël Sorin pour Le Monde des livres en mars 1983).

Après des études secondaires au Havre et en Savoie, Pierre Bettencourt suit, entre 1936 et 1938, le cours de poétique de Paul Valéry au Collège de France à Paris et se passionne pour le théâtre. En 1941, il achète une presse à bras. Pendant une douzaine d'années, il publie à petit tirage, dans la maison familiale alors occupée par les Allemands, ses propres textes ainsi que ceux d’Henri Michaux, Antonin Artaud, Francis Ponge, Guillaume Apollinaire et Jean Dubuffet.

À partir de 1953, Pierre Bettencourt chasse les papillons en compagnie de son ami Jean Dubuffet et réalise ses premiers collages d’ailes de papillons. Il crée ensuite ses premiers assemblages composés de matériaux divers récupérés dans la nature (os, silex, tissu, éponge, grains de café, coquille d’œuf...), mises en scènes inquiétantes de divinités fantastiques représentées dans un climat d'érotisme violent mêlé de sacré, vouées à un culte inconnu et barbare, né peut-être de ses nombreux voyages et de sa passion pour les civilisations disparues. Il réallise au total 400 hauts-reliefs entre 1954 et 1992.

Longtemps restées confidentielles, volontairement en retrait des circuits artistiques ou bien jalousement gardées par ceux qui en étaient les dépositaires, les œuvres de Pierre Bettencourt ont été exposées à la Galerie René Drouin, à la Galerie Daniel Cordier puis à la Galerie Beaubourg et enfin celle de Baudouin Lebon à Paris. Elles sont aujourd’hui conservées au Centre Georges Pompidou, au musée de Grenoble et au Centre d'art contemporain de l'abbaye d'Auberive, aux Abattoirs à Toulouse en encore au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris.