Photographe passionnée par l’envers des images photographiques, ou plus exactement par le dispositif en creux, effacé, qui convie à telle ou telle représentation, l’artiste depuis ses premières séries photographiques, déjoue la photographie dite documentaire. Au lieu de photographier des œuvres d’art, elle nous montre les dispositifs (socles, toiles de fond...) invisibles, en instance de disparition sitôt que la photographie attendue sera faite. Des fonds d’incrustation des studios de cinéma deviennent alors ces Landscapes monochromes bleus ou verts, espaces perceptuels proches de l’immatérialité des pièces lumineuses immersives de James Turrell. Matérialité et immatérialité, lumières et spectres colorés, mais aussi présence et absence, réalité et fiction sont des dualités photographiques récurrentes qui se retrouveront dans After the image et découvriront leur maturité artistique dans la série Phénomènes, images de ce qui apparaît, mais aussi de ce qui peut hypnotiser le regard et aiguiser l’imaginaire tant par l’incompréhension du vu que le concevable de l’inconnu. Ainsi, ces dernières images issues d’un travail de recherche mené au sein de laboratoires scientifiques qui reconstituent les opérations de phénomènes naturels, deviennent ces espaces de projections aussi poétiques que les noms des objets scientifiques dont elles sont les théâtres de nos imaginaires... supernova, matière noire, vortex....

Michelle Debat