Les sculptures de Dave Hardy procèdent de l’assemblage abstrait de matériaux industriels pour partie réemployés (pains de mousse  polyuréthane, plaques de verre, barres métalliques...) et d’objets  hétéroclites (stylos, boudins de pâte à modeler, bretzels, noix de  coco...). Imbriqués les uns dans les autres, ceux-ci composent des  structures autonomes de différentes tailles qui paraissent déroger  aux principes élémentaires de l’équilibre et de la gravité, avec  l’emphase des formes impossibles. Selon un jeu où les contradictions  dictent la règle, ses œuvres offrent leurs aberrations plastiques au  prix d’un long travail préalable de la matière, d’un ensemble de  gestes visant à faire tenir ensemble des éléments qu’a priori tout oppose, ou presque. Une large part de la manière de faire repose ainsi sur un processus rendu invisible. Engagé dans un corps à corps intense, Dave Hardy imbibe la mousse de ciment ; gorgée de liant, celle-ci est malaxée, manipulée en autant de plis voluptueux dont des exosquelettes de bois sont chargés de conserver la mise en forme, avant d’être retirés. Panneaux de verre et objets sont ensuite pressés et insérés dans la matière pendant sa rigidification, gage de la tenue finale de l’ensemble.