SMITH: DAMI

9 Novembre 2024 - 18 Janvier 2025 Paris / Main space
Artiste-chercheur troublant les genres, les disciplines et les formes, SMITH propose des œuvres curieuses, au sens étymologique de cura : curiosité et soin à l’égard du monde qui nous entoure, du terrestre et du céleste, des êtres humains et plus qu’humains, du visible et de l’invisible. La photographie, la vidéo, la performance et la sculpture mais aussi caméras thermiques, néons, hybridations, mutations et explorations d’autres états de conscience, s’articulent en une œuvre fluide qui incorpore les dimensions cosmiques du rêve et de l’au-delà.

Avec « Dami »,  SMITH poursuit sa quête artistique et métaphysique à travers sa pratique de technologies spirituelles (la transe cognitive, la méditation, la médecine amazonienne), d’états corporels interstitiels (transition de genre, expérience de l’impesanteur), d’hybridations volontaires (implantation cutanée de matériaux extra-terrestres ou électroniques), et de collaborations avec les intelligences artificielles et animales - pour conter autrement notre rapport au tout-autre, à l’au-delà, à ce qui nous traverse, nous échappe, nous dépasse et nous survit. Transe et transcendance se relient dans ce travail expérimental qui explore d’autres états de corps et de conscience. La « transition », le « passage », le « transit » sont essentiels dans son processus créatif.

Les projets indisciplinaires de SMITH sont toujours introduits par des prologues photographiques - sa langue d’origine. Pour sa première exposition à la Galerie Christophe Gaillard Paris, l’artiste présente les prémices de  « Dami » sous la forme de trois séries photographiques inédites : “Les maîtresses”, “Travelogue” et “Fulmen”, ainsi que des extraits de “Signes” et “Photino”.

Ce nouveau projet-monde emprunte son nom au vocabulaire des peuples amazoniens de langue pano : le mot dami désigne les visions de figures métamorphiques étourdissantes se manifestant lors de l’ingestion d’Ayahuasca, décoction centrale dans la medicina amazonienne. La manifestation visionnaire des dami symbolise la rencontre avec l’esprit de la liane, et, par extension, de la forêt, du monde.  En Amazonie brésilienne, dami est également une variante de la prononciation de daime, signifiant « don de Dieu ». Cette étymologie correspond au prénom de l’artiste, marquant ainsi un point de départ à la fois autobiographique et psychogéographique pour ce projet ; dans cette perspective, explorer un lieu revient à s’explorer soi-même, chaque espace étant toujours déjà habité par nos propres fantômes. « L’expérience prouve qu’une dérive remplace avantageusement une messe, offrant un moyen plus efficace de communiquer avec l’ensemble des énergies » (Chtcheglov, Formulaire pour un urbanisme nouveau, 1958).

D’abord reconnu pour ses portraits, SMITH se tourne aujourd’hui vers des paysages qu’il aborde comme une forme alternative de portraiture. Ses nouvelles photographies s’inscrivent dans des espaces interstitiels peuplés d’entités non-humaines, d’énergies diffuses, vastes, extatiques, ancestrales et désincarnées, qu’il perçoit comme des portails invitant à un déplacement du regard : le Médoc, l’Amazonie péruvienne, les déserts de Californie, d’Arizona et du Nevada ou l’île de Bardsey au Pays de Galles. Articulant l’usage de la photographie, de la thermographie, l’acte de création en état de conscience non-ordinaire et la traversée de paysages métamorphiques, ces images espèrent révéler une autre façon de se relier au paysage, perturbant l’ordre des choses pour ériger « la vision cosmique [...] en pensée politique » (Edouard Glissant, Philosophie de la relation, 2009). « Dami » prolonge la démarche initiée avec « Désidération », imageant de nouvelles façons d’être, de nouvelles attitudes à adopter dans notre monde désastré, pour y envisager des futurs désirables :  

“Ici grand ouvert”, seule méthode à mes yeux qui permet de se relier à la transcendance : [...] s’adresser à ce qui excède toute chose. Ici grand ouvert : c’est le monde désormais, c’est notre monde.
- Jean-Luc Nancy in “L’adoration” (Galilée, 2010).


Remerciements des partenaires :
Villa Albertine
Résidence INSTANTS : Château Palmer & Leica
Laboratoire PICTO
Triennale de Nîmes
AM ART Films
TranceScience Research Institute
La Filature - Scène Nationale Mulhouse
Rosalie Péricaud, Alexis Néons, Superpartners