« On ne peut réduire l’œuvre de SMITH à ce qui en fait son contenu affirmé autour du genre, de l’identité, de la relation au cosmos car, même s’il se confronte en permanence à ces interrogations fondamentales qui l’amènent logiquement à des collaborations avec des artistes d’autres domaines et à des scientifiques de toutes disciplines, il les dépasse par les enjeux esthétiques qu’il met en œuvre » 1. 

Photographe, plasticien, réalisateur, metteur en scène et chercheur, SMITH explore les porosités intérieures et extérieures de l'identité humaine. Il déploie une méthodologie de recherche et de création polycéphale, s'associant à des chercheurs, scientifiques, philosophes, designers, ingénieurs, performeurs ou musiciens pour concevoir des œuvres-mondes à la temporalité illimitée. Troublant les genres, les langages et les disciplines, SMITH propose des oeuvres curieuses, au sens étymologique de cura : curiosité et soin à l’égard du monde qui nous entoure, du terrestre et du céleste, de l’humain et du non-humain, du visible et de l’invisible, de l’imaginaire et de la fiction. En s'appropriant des outils tels que les caméras thermiques, drones, néons, tirages sur métal, son œuvre fluide compose avec des moyens technologiques qui incorporent les dimensions du mystère et du rêve.

Ainsi, à travers des oeuvres comme "Löyly", "Spectrographies", "TRAUM", "Saturnium" ou plus récemment "Désidération", SMITH fait sien le langage de la "SF" au sens harawayen : à la frontière de la Science-Fiction, de la Fiction Spéculative et des Faits Scientifiques. Son propre corps se fait alors le gîte d'oeuvres hybrides, intégrant transition de genre, implantations de puces électroniques et de météorites sous-cutanées, mutations atomiques ou pratiques de la transe.

Depuis plus de dix ans, SMITH travaille, comme autant de dialectes, le cinéma, la photographie, le bio-art, la danse, en compagnonnage avec des institutions telles que l'Opéra du Rhin (La Filature - Scène Nationale, Mulhouse) ; le Centre Georges Pompidou ; le Centre National de la Danse, Pantin ; le Centre Chorégraphique National (CCN-ICI, Montpellier) ; la Fondation Hermès - New Settings ; le Palais de Tokyo ou les Rencontres d'Arles qui ont co-produit et diffusé ses oeuvres et créations.
 
SMITH accorde une partie importante de son temps à la transmission sous la forme de conférences / performances (Collège de France et Institut Henri-Poincaré à Paris ; Université de Ryerson, Toronto ; Université de Californie, Santa Cruz ; Festival MUTEK, San Francisco ; Planétarium, Centre Pompidou…). Il achève actuellement un doctorat en recherche-création à l'Université du Québec à Montréal, en co-tutelle avec le Fresnoy, Studio National des Arts Contemporains.

(1) Christian Caujolle