Artiste-chercheur, diplômé de la Sorbonne en Philosophie, de l’École Nationale Supérieure de la Photographie d’Arles, du Fresnoy – Studio National des Arts Contemporains, et docteur en Étude et Pratique des Arts (Université du Québec à Montréal), SMITH expérimente et explore les liens entre l’humanité contemporaine et ses figures -limites - spectres, mutants, hybrides, auprès de collaborateur·ices écrivain·es, astronautes, agriculteur·ices, chamanes, ingénieur·es, designers, scientifiques, philosophes, performer·euses ou compositeur·ices. Ses projets-mondes indisciplinaires se fondent sur un processus d’auto-expérimentation qui prend la forme d’une enquête, où le corps de l’artiste devient une plateforme critique, expérimentale, curieuse, pour révéler de nouvelles manières de se lier au monde visible et invisible.
Troublant les genres, les langages et les disciplines, SMITH propose des œuvres curieuses, au sens étymologique de cura : curiosité et soin à l’égard du monde qui nous entoure, du terrestre et du céleste, des personnes humaines et non-humaines, du visible et de l’invisible, de l’imaginaire et de la fiction. Caméras thermiques, drones, néons, implantations de puces électroniques, de magnets et de météorites sous-cutanées, mutations atomiques ou pratique de la transe, collaborations avec des intelligences animales et artificielles - alimentent une œuvre fluide, composée avec des moyens technologiques et spirituels qui incorporent les dimensions du mystère, du rêve, de l’au-delà.
Son projet “Spectrographies” (2010-2014) l’a par exemple conduit à s’implanter sous la peau une puce électronique sous-cutanée lui permettant de ressentir, grâce à une caméra thermique, les ondes de chaleur de corps absents, donnant lieu à des séries d’images spectrales (thermogrammes) qu’il nomme « photomes ».
Entre 2017 et 2021, SMITH se consacre à « Désidération », constellation-chorale qui explore les liens désunis entre notre humanité contemporaine et le cosmos. Ce projet donne lieu à de nombreuses expositions personnelles notamment aux Rencontres d’Arles, au festival Planches Contact à Deauville et à La Filature – Scène Nationale de Mulhouse en 2021, au Fresnoy à Tourcoing, à la galerie les Filles du Calvaire à Paris et au Centre d’art LACE à Los Angeles en 2019. L’artiste, fasciné depuis toujours par les objets célestes, a orchestré des soirées mutantes nommées "mues" au cours desquelles il proposait notamment l'implantation de météorites, pour faire littéralement corps avec le cosmos.
SMITH poursuit à présent sa quête artistique à travers sa pratique de technologies spirituelles (la transe cognitive, la méditation, la médecine amazonienne) couplée à celle d’états corporels interstitiels (transition de genre, expérience de l’impesanteur, implantation cutanée de matériaux extra-terrestres ou de puces électroniques), pour conter autrement notre rapport au tout-autre, à l’au-delà, à ce qui nous traverse, nous échappe, nous dépasse et nous survit. Transe et transcendance se relient dans ce travail expérimental qui explore d'autres états de conscience. La « transition », le « passage », le « voyage » constituent des éléments essentiels pour SMITH, qui a changé de genre et de nom, refusant toutefois qu’on lise son travail à cette seule aune. Son patronyme d’origine, devenu mononyme, sonne comme une indétermination : il aime à s’infiltrer dans les espaces entre les « entre-deux », entre les genres, entre la science, l'art et la spiritualité, entre le réel et l'imaginaire, chtonien et extraterrestre à la fois.
Ses travaux (expositions, films, performances, conférences) sont régulièrement présentés dans le cadre d’expositions personnelles dans deux nombreux pays d’Europe, en Californie, en Chine, en Corée et en Amérique Latine (Chili, Uruguay, Mexique…). Plusieurs expositions sont en préparation pour l'automne 2024 et la rentrée 2025 en France (Galerie Christophe Gaillard à Paris en Novembre) ; et en Europe (Norvège - Bodo en Novembre, Oslo en Janvier 2025 ; Biennale photographique de Porto en mai 2025).
Huit monographies sont consacrées à son travail, dont « Löyly » (Filigranes, 2013), « Saturnium » (Actes Sud, 2018), Valparaiso (André Frère, 2019), « Désidération (prologue) » (Textuel, 2021), ou « Desiderea Nuncia » (Palais books, lauréat du Prix du livre aux Rencontres d’Arles 2022).
Il est par ailleurs l’auteur de plusieurs courts-métrages dont « Spectrographies », produit avec le Centre Pompidou en 2013, « TRAUM » (2015) ou « Les Apocalyptiques » (2019) ; de podcasts (France Culture, 2020) ; de spectacles chorégraphiques (« TRAUM (Le cas Y) », 2018) et de performances, notamment en collaboration avec Lucien Raphmaj, Nadège Piton, François Chaignaud, Akira Rabelais, Gaspar Claus, Victoria Lukas ou Matthieu Barbin.
En 2020, il co-signe, avec Nadège Piton (avec laquelle il dirige le studio Superpartners), l’ouvrage bilingue « Transgalactique » autour des présences et histoires trans et queer dans l’histoire de la photographie, qui donnera lieu à une première exposition à la Filature à Mulhouse en 2023, et à une seconde à la Gaité Lyrique à l’automne 2024. SMITH est actuellement artiste-complice de la Filature – Scène Nationale Mulhouse, artiste-professeur au Fresnoy – Studio National des Arts Contemporains, lauréat 2023 de la Villa Albertine en binôme avec l’écrivain Marie NDiaye, et de la Résidence en impesanteur du CNES – Centre National d’Etudes Spatiales, et artiste-enseignant au programme de mentorat de l'Ecole Nationale Supérieure de la Photographie en 2025.