© Eugène Dodeigne, Adagp, Paris, 2022
« La sculpture est un combat, une lutte contre la matière. Il faut jouer des poings. »
Eugène Dodeigne
Sculpteur, peintre, dessinateur et créateur de mobilier, Eugène Dodeigne (1923-2015) est né en Belgique et naturalisé Français lorsque ses parents s’installent dans le Nord. D’une famille de tailleurs de pierre originaire de la région de Soignies, il apprend le métier dès l’âge de 13 ans auprès de son père qui lui fait prendre des cours de dessin et de modelage à l’école des Beaux-Arts de Tourcoing puis de Paris, dans l’atelier de Marcel Gimond.
Dodeigne est rapidement soutenu par les collectionneurs et les galeries de la région, dont celle de Marcel Evrard où sont présentées ses premières expositions personnelles (1952, 1955). Il travaille le bois jusqu’en 1955 puis adopte la pierre bleue de Soignies comme matériau de prédilection. Il sculpte d’abord des formes organiques, lisses et arrondies, marquées par l’influence de Constantin Brancusi et de Jean Arp.
Au début des années 1960, Dodeigne emprunte la technique de la pierre éclatée qui le mène à une figuration abrupte et fortement expressive. Sa rencontre avec Germaine Richier l’introduit dans le milieu artistique parisien : à partir de cette période, les expositions s’enchaînent. Les galeries Claude Bernard, Pierre Loeb et Jeanne Bucher organisent d’importants accrochages et mettent en valeur ses sculptures de pierre ainsi que les bronzes expressionnistes qu’il crée dès 1963. Son œuvre acquiert une renommée internationale.
Dans les années 1970, les pierres de Soignies atteignent une grandeur monumentale. Leurs formes, arrachées à la matière, dépeignent l’Homme et sa condition. Le groupe des Dix (Fondation Prouvost, Marq-en-Baroeul) consacre cette évolution.
Dans les années 1980, Dodeigne développe une manière nouvelle ; il laisse apparaître dans ses pierres les traces des outils qui les ont dégrossies. Ses sculptures conservent de manière visible le souvenir du processus de leur élaboration.
Régulièrement présentées en France et à l’étranger, les œuvres d’Eugène Dodeigne sont conservées dans de nombreuses collections publiques (au Fonds national d’art contemporain et au Musée National d’Art Moderne-Centre Georges Pompidou à Paris, au LAAC de Dunkerque, au LAM de Villeneuve d’Ascq, au Musée des Beaux-Arts de Lille, à la Fondation Maeght de Saint-Paul de Vence,…) ainsi qu’en Algérie, en Angleterre, en Allemagne, en Autriche, en Argentine, en Belgique, aux Pays-Bas, en Suisse ou encore aux Etats-Unis, notamment au MoMA à New York et au Smithsonian Institute à Washington.
En 2020, le musée de La Piscine de Roubaix a consacré à l’œuvre d’Eugène Dodeigne une remarquable rétrospective et présenté soixante ans de création (pierres de Soignies, plâtres, bois, bronzes, terres cuites, dessins, peintures et éléments de mobilier).