Masafumi Maita JP, 1944-2009

Artiste pionnier de la scène conceptuelle japonaise des années 1970, Masafumi MAITA (1944 – 2009) imagine des dispositifs qui interrogent le rôle de l’image et les limites de la représentation du réel par la photographie. Maita joue des écarts et des variations entre le sujet naturel et contemplatif qu’il photographie, le réel qu’il enregistre (vues de forêts, de plages et de montagnes vierges de toute présence humaine) et l’opération sérielle et arbitraire qu’il répète sur l’image.

 

En 9 clichés, chacun des ensembles Flow (1976) le met ainsi en scène face à l’océan, placé au centre d’un rectangle tracé au sol, déclinant les étapes de la torsion méthodique d’une tige de plomb. Selon un protocole défini au préalable, l’œuvre propose une forme d’inventaire de gestes et de possibilités d’inscriptions du corps dans l’espace. La photographie enregistre et narre une performance : elle s’inscrit dans une temporalité nouvelle.

 

« L’essentiel de son œuvre est la conscience du temps » écrit le critique japonais Yusuke Nakahra. Avec la série Sans titre (1979) de paysages en noir et blanc marqués par la main de l’artiste, Maita accentue les phénomènes de décalages. Décalage entre le paysage et les formes géométriques simples, triangle, cercle et carré tracés en pointillés sur le négatif, entre la chose vue et le regard que nous portons sur elle. Décalage entre deux temporalités, celle du réel qui a été capturé et du geste, toujours actif, qui altère l’image.

 

Maita a développé ces recherches dans des installations, y introduisant des objets puis des sculptures, en dialogue avec ses photographies. « Dans l’espace, écrit Yusuke Nakahra, l’image photographiée et l’objet réel ont l’air de s’inscrire dans une continuité mais on a l’impression de faire face à deux temporalités – l’une au présent, l’autre au passé. Les objets réels renvoient toujours au présent, l’image au passé. [] Cette différence est décisive. En combinant la photograhie et les objets réels, l'artiste rend notre conscience du temps palpable. []  C’est la différence entre la perception et la mémoire. L’artiste travaille en fait avec deux éléments : la perception et la mémoire[1]. »

 
 

Masafumi MAITA (1944 – 2009) est né en Mandchourie (Chine), il a étudié à Paris (1971 – 1973) puis a vécu et travaillé au Japon. Photographe, il questionne et réinvente son medium, en dialogue avec l’objet puis la sculpture à partir des années 1970. Son œuvre a été exposée dans le monde entier, en particulier aux Biennales de Venise de 1976 et 1986. Ses œuvres sont conservées dans de nombreuses collections publiques notamment au Japon (The Utsukusi-ga-hara open-Air Museum, Nagano ; Open-Air Museum of Sculpture, Ube ; Museum of Modern Art, Kamakura ; Museum of Modern Art, Toyama ; Yokosuka Museum of Art, Kanagawa, etc.), en France (Collection Pinault ; Centre National des Arts Plastiques, Paris ; Musée d’Art Moderne de la Ville, Paris ; Musée d’Art Moderne et Contemporain, Strasbourg ; Musée Cantini, Marseille ; FRAC Champagne-Ardenne), en Italie (MuSaBa, Parco Museo Santa Barbara, Mammola) et aux Etats-Unis (Museum of Fine Arts, Houston ; The State Foundation on Culture and the Arts, Hawaii).

 


 

[1] Yusuke Nakahara, Masafumi Maita, Tokyo (Japon), s.n., 1977.